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Alexandre Mallet-Guy
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5,0
Publiée le 26 octobre 2022
Ce film passionnant vous transportera dans un monde inconnu que l'on découvre à travers les yeux d'un jeune étudiant fraichement admis à la plus grande université du monde Al Azhar, centre de l'Islam sunnite, un peu comme le Vatican pour les Catholiques. A ce voyage, s'ajoute un formidable thriller d'espionnage qui vous tient en haleine de la première à la dernière image. Un grand film sur les jeux de pouvoirs entre politique et religion.
Allez voir ce film. C est une merveille absolue. D'une force, d'une puissance, d'une justesse, d'une intelligence et d'un réalisme saisissants. Rarement je n’ai vu aussi authentique et courageux. Un bijou.
Une mise en scène à la fois aérienne et oppressante. Une intrigue en lame de fond, constante dans son avancée comme l'éveil au monde du jeune personnage principal. Cela fait du bien de voir un film qui parle d'un pays, ici, l'Egypte, sans l'hysterisation du terrorisme. On en sort éclairé et avec l'impression d'avoir vu un pan de vie qui nous est inaccessible quand on est athée et occidental et de comprendre un peu les enjeux d'une société, tirée entre la violence d'un pouvoir etatique et le risque d'une théocratie extrémiste. La musique est sublime.
Présenté en compétition au Festival de Cannes 2022, ce film coup de poing mérite amplement son Prix du scénario.
Adam, pêcheur au filet avec son père dans un village reculé d'Égypte, va se retrouver être "l'objet" d’une guerre de pouvoir entre les autorités religieuses, la sphère politique du Caire et un groupuscule d’étudiant extrémistes ; tous bien décidés à faire élire le nouveau Grand Imam de l'université religieuse du Caire...
Ce film nous emporte dans un tourbillon asphyxiant, percutant mais aussi jetant le trouble en nos propres pensées profondes : oui, la corruption est partout mais où commence-t-elle et par qui ? Que et qui sommes-nous pour utiliser l'autre et servir ses propres intérêts ?
C’est avec une grande fierté, somme toute parfaitement légitime, que Adam fait ses premiers pas dans l’Université Al-Azhar du Caire : fils de pêcheur, il a obtenu une bourse pour intégrer cette prestigieuse Université du monde musulman et il a eu la bonne surprise de voir son père accepter son départ, son père qui, certes, avait besoin de lui pour l’aider dans son travail mais qui voit dans ce départ la volonté de Dieu contre qui personne, pas même un père, ne peut lutter. Cette arrivée, toutefois, se trouve vite confrontée à un évènement inattendu qui va avoir un impact majeur sur la vie d’Adam : le Grand Imam qui s’effondre devant ses élèves, la plus haute autorité de l’Islam sunnite qui meurt et qui doit être remplacée. Un remplacement dont l’issue est d’une importance capitale pour le gouvernement égyptien, en plein combat contre les frères musulmans lesquels sont en train d’infiltrer l’Université.
Alors que le conseil des Oulémas va se réunir pour élire un nouvel imam, avoir un informateur fiable à l’intérieur de l’Université est capital pour le gouvernement. C’est le colonel Ibrahim, un vieil officier expérimenté, que le Conseil de Sureté de l’état charge de trouver et de « briefer » un étudiant qui sera leur taupe au sein de l’Université. Très vite, Adam lui parait être la « proie » idéale : il est timide, a priori facile à manipuler, et personne ne le connait. C’est ainsi que ce modeste fils de pêcheur va devenir un pion important de la politique égyptienne, c’est ainsi que La conspiration du Caire se transforme très vite en un thriller politique passionnant. Si les luttes entre les différentes factions, luttes qui sont l’objet d’une mise en scène dignes de celle d’un opéra, sont particulièrement intéressantes à observer, il en est de même de la façon dont évolue Adam, aux deux sens du mot, ses manœuvres au milieu de ce qui s’apparente à un panier de crabe et la transformation de sa personnalité. C’est en relisant « Le nom de la rose » d’Umberto Eco qu’a germé chez Tarik Saleh l’idée de raconter une histoire similaire se déroulant dans un contexte musulman. Voir critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-express-la-conspiration-du-caire/
Un film qui sort de l'ordinaire et qui vous plongera au cœur des luttes de pouvoir de l'éternel duo État -Pouvoir Religieux... Un fils de pêcheur que le Destin forcera à... pêcher, souvent en eaux troubles... Un scénario solide, une atmosphère pesante mais magnétique, pour une toile qui tient la route et vaut son ticket.
Sur un rythme de thriller, l'éternelle bataille du sabre et du goupillon, la raison d’État, la morale humaine et divine, le pouvoir des "services", les luttes de pouvoir au sein des institutions tant religieuses que politiques, la fin et les moyens... tout ça dans le cadre solennel mais pas si feutré que ça de l'université Al-Azhar.
Bien joué, avec des personnages d'autant plus crédibles qu'ils sont parfois à contre-emploi de leur physique -notamment un barbouze à l'allure de soixante-huitard et au regard si doux-, ce film fonctionne très bien et devrait avoir un gros succès.
Très intéressant, beaucoup de suspense... quelques longueurs mais très prenant ! Cruel et criant de vérité à la fois. Le film dépeint bien aussi la réalité du pays et l'ambiguïté entre état et religion.
La proposition se démarque d’emblée par son audace et son inventivité, notamment dans le contraste proéminent entre le dénuement du quotidien de pêcheur d’Adam et les dorures de l’université Al-Azhar. C’est également une plongée au cœur d’une intrigue politico-meurtrière très puissante ou notre jeune héros va devoir se débattre dans des codes inconnus, ce qui en fait également une histoire très intrigante et alléchante.
Au final, Boy from heaven se regarde avec plaisir, notamment pour le caractère assez inédit, somptueux et mystérieux du lieu de l’intrigue. On ne peut être littéralement renversé par ce film, mais il a le mérite de tenir en haleine, jusqu’au bout du bout, et vaut donc largement le détour.
(...) Le polar est respecté, avec ses portes secrètes, ses complots, ses double-jeu, ses retournements et le cynisme de ses personnages. Tout cela joue au sein d’une sphère politico-religieuse caricaturée sans que nous puissions par contre saisir les arcanes de la lourde répression de la liberté d’expression en Egypte qu’illustre la récente libération sous la pression d’Amnesty international de Ramy Shaath après 900 jours de détention sans procès. Les décors et costumes, l’apparat des rituels de l’enseignement dans la cour qui mobilisent nombre de figurants, les discussions théologiques autant que le concours de psalmodie peuvent fasciner mais renforcent la distance que l’on peut éprouver, laquelle est aussi et surtout creusée par la volonté de répondre aux exigences du thriller (tension narrative qui tient en haleine) sans vraiment les adopter. L’appel au genre est donc ici, autant que l’accumulation des thèmes, facteur de superficialité autant que d’égarement. (extrait du compte-rendu du festival de Cannes 2022 sur Africultures)
Un petit coup de coeur du festival de Cannes pour Boy From Heaven. L'intrigue comportait de nombreux pièges politiques et il y avait le risque d'un film très pro-occidental comme il en existe des centaines. Celui-ci est nuancé, et ouvre la réflexion sur des sujets compliqués, avec une jolie morale.
Du bon cinéma à la fois policier et sociopolitique, sans excès de didactisme. Le réalisateur de "Le Caire Confidentiel" confirme son savoir-faire, son sens du rythme et du montage, et l'on apprécie l'humanisme de son propos.
“Boy from Heaven” est un thriller de l’auteur Suédois d'origine Égyptienne à qui l’on doit le polar “Le Caire confidentiel” sorti en salles en 2017. Tarik Saleh nous emmène au cœur de la mosquée et université Al-Azhar au Caire. Adam, un fils de pêcheur sans histoire intègre ce haut lieu de l’Islam sunnite. Le jour de la rentrée, il assiste à la mort brutale du Grand Imam et se retrouve malgré-lui au cœur d’une lutte de pouvoir entre politique et religion. En effet, chacun veut décider qui sera le successeur de la plus haute fonction de la mosquée et Adam pourrait être le meilleur pion à manipuler. Le film s’aventure sur de fausses pistes pour véhiculer la paranoïa et poursuit dans une infiltration haletante pour mieux instaurer son dénouement. Si quelques longueurs sont regrettables, “Boy from Heaven” est un brillant thriller sur la corruption religieuse. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Un jeune homme voulant devenir imam entre dans une école religieuse, mais dès son arrivée le Grand Imam meurt subitement et un élève est assassiné. Il va mener l'enquête avec un vieil inspecteur ronchon, et les révélations vont surprendre ces deux compères... Il y a définitivement dans ce Boy from Heaven un air du Nom de la Rose, ce qui n'est pas pour nous déplaire : l'ambiance suspicieuse est bien rendue, on veut savoir le fin mot de l'intrigue, et l'on n'est pas déçus par les coups de théâtre surprenants (on n'aurait jamais deviné qui avait fait le coup). Avec une pointe de critique envers le gouvernement égyptien (et ses manigances de l'ombre pour faire disparaître les gens qui l'embêtent...), envers l'intégrisme à deux doigts du terrorisme et avec une belle préférence pour la religion tolérante, Boy from Heaven nous a mis dans sa poche, alors qu'on n'aurait jamais parié sur lui dans cette compétition du Festival de Cannes 2022. Autant dire qu'on s'est levé à l'annonce de son Prix du Meilleur Scénario, amplement mérité. On a également adoré la mise en images très inspirée, retenant quelques plans magnifiques : voyez ces chapeaux vus du dessus qui forment une marée de points qui s'écartent, voyez ces processions d'imams répartis sur deux étages qui avancent en parfaite symbiose... L’œil du réalisateur Tarik Saleh est expert pour dénicher les bonnes idées, et on s'est souvent surpris (en plus du scénario) à aimer les belles images qu'il crée. Évidemment, vous ne verrez quasiment pas une femme pendant deux heures, dans ce casting qui suit intrinsèquement une triste réalité, mais encore une fois : on s'est pris à repenser au Nom de la Rose (à part la sauvage, il n'y a pas de femmes non plus). Boy from Heaven en est le digne héritier égyptien.
Avec Boy from Heaven, qui aurait pu s'intituler Le Caire nid d'espions, Tarik Saleh passe manifestement un cap, et avec quel éclat. Le principal lieu de l'action n'est pas n'importe lequel : l'université Al-Azhar, véritable phare de l'enseignement et de la pensée de l'Islam, dont le pouvoir de fascination trouve son équivalent dans le Vatican. Un endroit que le gouvernement égyptien a de tout temps chercher à noyauter, en influençant l'élection du Grand Imam. C'est précisément ce moment capital que Boy from Heaven a choisi de montrer, à travers l'itinéraire d'un novice, modeste fils de pêcheur, amené à interagir malgré lui entre les puissances religieuses et politiques. C'est un film haut de gamme, passionnant de bout en bout, impressionnant par ses images de groupe comme pour ses nombreux tête-à-tête, maîtrisant les mouvements amples aussi bien que les plans rapprochés. Boy from Heaven n'est pas plus anti-religieux que Habemus Papam et c'est sans doute du côté de l’État égyptien que Tarik Saleh va se faire de nouveaux nombreux ennemis, dans son pays d'origine, anti-démocratique au possible et gangrené par la corruption (le film n'a évidemment pas été tourné sur place mais tout y sonne juste, y compris l'agitation cairote). Rien à redire non plus sur l'interprétation impressionnante du jeune Tawfeek Barhom et du chevronné Fares Fares, d'ailleurs méconnaissable. Un film brillant en tous points, tant dans ses silences que dans sa riche dialectique.