Il y a un peu plus de 7 ans, la réalisatrice norvégienne Maria Sødahl a appris qu'elle souffrait d'un cancer en phase terminale. Cette annonce et ses conséquences, les jours suivants, la cinéaste s'en est inspirée pour écrire et filmer Espoir, qui représentera la Norvège aux Oscars 2021. A l'évidence, ce n'est pas un film "pop corn", mais ce n'est pas non plus le mélodrame pesant que l'on redoute même s'il y a des moments assez poignants, traités avec dignité et pudeur. Espoir est complètement la manière scandinave, c'est à dire avec une intensité psychologique forte, où les règlements de compte, les reproches et une certaine cruauté sont de mise. Puisque cette femme et son compagnon, depuis une vingtaine d'années, sont destinés à vivre ensemble jusqu'à ce que la mort les sépare, c'est à dire dans peu de temps, c'est le moment du grand déballage et des vérités assénées. En parallèle, outre les scènes d'angoisse, il y a aussi de la joie, de l'euphorie même, et de grosses bouffées de tendresse. Comme si, à l'approche de la fin, il n'y avait plus de raisons de faire semblant. Sur un sujet aussi dangereux et qui plus est personnel et privé, Maria Sødahl réussit presque toujours à trouver le ton juste, aidée par le sentiment d'urgence, puisque le film se passe grosso modo entre Noël et le 1er janvier. Espoir n'est pas qu'un duo, avec une famille nombreuse et recomposée autour du couple, mais repose évidemment en grande partie sur les interprétations de Andrea Braein Hovig et de Stellan Skarsgård. Ce dernier, très proche ami de la réalisatrice dans la vie, est bien plus connu que la première mais il a autant de talent à s'effacer qu'elle en a à jouer tous les états d'une condamnée à mort. Ils sont tous les deux remarquables.