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    Les Herbes sèches
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    128 critiques spectateurs

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    clement astier
    clement astier

    1 abonné 8 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 17 juillet 2023
    Les vies humaines se nourrissent à leurs débuts d'une énergie vitale, avant de faner, inévitablement. Dans la beauté des paysages, la pesanteur des espoirs échoués. La fin de l'hiver donnant naissance à l'été, les herbes émergent dans la neige bientôt disparue, et s'assèchent aussitôt, ne croisant plus que l'eau ruisselante d'un oeil envieux, sans n'être plus capable de l'embrasser.
    Loquita
    Loquita

    3 abonnés 9 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 17 juillet 2023
    Quand la projection s’est terminée, avec ma voisine on a consulté nos montres : il s’était écoulé 3h17 et on ne les avait pas senti passer. Le lendemain, on a regardé Vers un avenir radieux, de Nanni Moretti : 1h35 et cette fois, on s’est ennuyées. Pas tout le temps, mais souvent. Comme quoi, le temps dont un film a besoin pour déployer son histoire est affaire de rythme, de fluidité dans la narration.

    Un moment génial des Herbes sèches démontre cela : au milieu d’une scène, alors qu’on l’a juste envoyé éteindre les lumières du salon, un personnage passe une porte et se retrouve sur le plateau du tournage. Tout à coup sans transition on passe de l’intérieur un peu sombre d’un appartement modeste mais habité par une belle âme, à une succession de plateaux bardés de lumière, de micros, de décors amovibles… Après une minute de cette déambulation hors du film il repasse la porte dans l’autre sens et on replonge avec lui dans l’appartement de Nuray, et en quelques secondes on oublie ce passage surprenant tellement le récit est prenant, tellement les personnages sont vivants, loin de tout cliché, et leurs échanges forts et intenses.
    Zaza
    Zaza

    5 abonnés 19 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 16 juillet 2023
    Après Winter Sleep, Les Herbes Sèches est à nouveau une œuvre profonde, intense qui résonne fort en soi...magnifique voyage de 3h17 qui bouleverse et fait réfléchir au sens de la vie, aux parcours de chacun, aux espoirs et désillusions...très très grand film
    Pascal
    Pascal

    160 abonnés 1 658 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 juillet 2023
    Les amateurs du cinéma de NB Ceylan, savent que le metteur en scène est dépositaire d'une filmographie qui le situe au sommet de ce que le septième art produit de plus profond depuis deux décennies.

    Neuvième long métrage du cinéaste, présenté à Cannes 2023 en compétition officielle, il est reparti avec le prix d'interprétation féminine.

    Sorte de troisième volet, d'une trilogie composée par " winter sleep" et " le poirier sauvage" qui propose le portrait au scalpel d'un individu éduqué, cultivé ( avec un potentiel artistique - ex comédien, écrivain ici professeur d'arts plastiques) délinquant relationnel, pas toujours au clair avec lui-même, confronté à ses propres faiblesses, n'hésitant pas à commettre ce qu'il faut bien appeler des petites saloperies de la vie ordinaire dans les relations avec son entourage.

    Sans doute, plus accessible, moins opaque, que " winter sleep" et " le poirier sauvage", (qui gagnent à être vus plusieurs fois) " les herbes sèches " est à mes yeux la meilleure réussite du cinéaste après " uzak" (2002) selon moi, son chef-d'oeuvre absolu.

    Malgré sa longueur ( 197 minutes) décourageante pour beaucoup, " les herbes folles" se suit pourtant sans ennui et sans être traversé par un manque de rythme.

    Ceylan parvient à donner une respiration à son film entre deux scènes de dialogues qui apprennent à chaque fois quelque chose sur les personnages.

    Certes, il restera des non dits et le spectateur est mis à contribution pour interpréter et trancher sur la vérité du personnage principal qui justement cherche à la cacher aux autres et peut-être un peu à lui-même.

    A mes yeux, c'est une grande réussite aux accents intimistes qui s'adresse à tout le monde mais qui ne plaira qu'au spectateur intéressé par un cinéma introspectif.

    Le dernier quart d'heure, lumineux, constitue le point d'orgue poétique, d'un film aux accents vaguement Bergmanien et surtout ( à mes yeux) un des meilleurs de l'année.
    Bernard D.
    Bernard D.

    111 abonnés 613 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 juillet 2023
    « Les herbes sèches » du réalisateur turque Nuri Bilge Ceylan (2023) dont j’avais apprécié le précédent film (« Le poirier » 2018) s’ouvre magnifiquement sur un fond blanc puis Samet (Deniz Celiloğlu) qui avance dans la neige sac au dos et un grand sac. C’est un professeur d’Arts plastiques qui vient passer son année de service civique dans le collège d’une toute petite bourgade perdue dans la lointaine Anatolie orientale espérant retourner rapidement à Istanbul… et nous voilà partis pour un film de 3 h 17 qui a mon sens pourrait être coupé en 2. La première partie concerne sa relation ambiguë (dans le contexte local) avec Sevin, une jeune adolescente intelligente qui n’est pas sans évoquer « Les risques du métier » de André Cayatte (1967) et qui nous vaut une scène épique de par son hypocrisie chez le Recteur… Même si cette première partie permet de mieux comprendre les incertitudes morales et ambiguïtés de l’homme… que c’est long ! Samet vit en colocation avec Kenan (Musab Ekici), professeur natif du coin, et tous les 2 vont faire la connaissance d’une professeure d’Anglais Nuray (Merve Dizdar) atypique par son passé singulier et engagée politiquement pour le collectivisme alors que Samet paraît être plutôt un individualiste, un « papillon » avide de liberté. Il s’ensuit des confrontations intéressantes mais hélas du fait des sous-titres on a dû mal à lire en même temps le texte et apprécier toutes les subtilités des regards et attitudes des 3 acteurs de ce triangle amoureux ! Ce long hiver durera 6 mois et…
    Un film dont la photo est superbe mais comme déjà dit trop long et dont la richesse humaine souffre du sous-titrage. Soulignons que Merve Dizdar a reçu pour ce film le Palme d’Or de l’interprétation féminine à Cannes.
    fabien c.
    fabien c.

    1 abonné 1 critique Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 15 juillet 2023
    décevant, moins bien que "le poirier sauvage" dont il semble une déclinaison terriblement ennuyeuse
    Tumtumtree
    Tumtumtree

    168 abonnés 533 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 15 juillet 2023
    Inutilement long, pesant, ennuyeux et surtout douteux et effroyablement complaisant : le nouveau film de Nuri Bilge Ceylan est consternant. Comme la presse peut-elle valider cela ? L'histoire tient sur un timbre poste, la mise en scène est affreuse et sans intérêt, et surtout le personnage principal est un mâle totalement toxique validé par son cinéaste... Fait rare, la bande-annonce est trompeuse : elle annonce un film partagé entre hiver et été où se tiendraient des propos subtils sur la vie. La réalité est un film qui se passe à 95 % dans les affreux paysages d'un petit village de Turquie l'hiver (hormis quelques beaux plans de montagnes), et où l'on enchaîne les discussions vaines et interminables sur des thèmes pathétiques.

    La convention au cinéma est que le personnage principal est la personne à laquelle on vous demande d'adhérer, notamment parce que c'est souvent à elle que le spectateur doit s'identifier. Ici on découvre un personnage principal sans intérêt, enseignant dans un collège d'une minuscule ville de l'Est de la Turquie. Les très très longues séquences s'enchaînent avec une intrigue si ténue qu'on croit que c'est une simple chronique sans enjeux. Mais progressivement se dessine un récit : celui d'un enseignant accusé de relations douteuses avec une de ses élèves de 14 ans. spoiler: D'étape en étape, le personnage se montre de plus en plus méprisable et démultiplie les fautes professionnelles (semi-insultes à l'égard de ses élèves, expulsion abusive, remontrances exagérées...). On croit un temps que le cinéaste cherche à prendre ses distances avec cet individu, mais non, il valide... Il valide que ce type pique la femme de son meilleur ami. Il valide que cet enseignant érotise une fille de 14 ans. Il valide la pression psychologique qui est infligée à cette adolescente. En pleine période post-metoo, on assiste à des scènes hallucinantes où des hommes, exclusivement des hommes, mettent en doute la parole d'une adolescente quant à des question de harcèlement. On rêve.


    La mise en scène est quant à elle complètement vide. Ce n'est qu'une suite de dialogues interminables filmés en plans fixes avec des champs contrechamps. Pour valider sa présence à Cannes et se placer en mode "Cinéma d'art et essai", Ceylan ajoute quelques plans un peu arty, avec des photographies des autochtones ou un long plan où le personnage sort de la scène pour se retrouver dans les coulisses du tournage et croiser les techniciens (sorte de distanciation brechtienne sans intérêt, mais surprenante).

    Les années passent et je prends conscience du très faible intérêt des films de Nuri Bilge Ceylan. Je le tenais pour un grand cinéaste à cause d'Il était une fois en Anatolie, authentique chef-d’œuvre. Mais en fait ce film n'était pour lui qu'un exercice de style donc une exception dans la carrière d'un cinéaste qui n'a rien à dire, prend du temps pour nous infliger sa vacuité (près de 3h20 pour Les Herbes sèches) et semble prôner une vision de l'humanité douteuse où les mâles alpha sont toujours les gagnants...
    wem
    wem

    18 abonnés 30 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 juillet 2023
    ATTENTION SPOILER spoiler: comment comprenez-vous ce plan ou le personnage va éteindre la lumière et sort du film, des décors de l'appartement pour aller prendre une pilule dans la salle de bain ?
    C'est un beau film, avec quelques plans à couper le souffle et une photographie magnifique, entre la noirceur de l'âme humaine et la puissance de la nature. Quel plan magnifique que celui qui recadre l'héroïne assise de dos alors qu'un souffle balaie sa nuque.
    Guy Chassigneux
    Guy Chassigneux

    7 abonnés 20 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 juillet 2023
    Grand, très grand film, magnifique et profond, fouissant les ambigüités d’une adolescente, de deux hommes et d’une femme en manège à trois.
    L’hiver anatolien est photogénique pour le personnage principal auquel le réalisateur n’a pas donné le beau rôle, mais ce prof de dessin au magistère amer nous interroge. Les rapports qu’il entretient avec son colocataire, ses élèves, le mépris qu’il porte au milieu dans lequel il s’estime relégué est racheté par lon regard poétique sur une nature qui ne connaît que deux saisons où les herbes à peine délivrées de l’hiver sèchent très vite sous le soleil.
    Il se pourrait bien que ce soit une métaphore de la vie examinée à travers de riches dialogues où il est question d’envies d’ailleurs, de conflits entre liberté et fraternité. La mélancolie adolescente peut sévir de part et d’autres du bureau du maître, les questions existentielles ont plus de sens dans un village glacé qu’au bord du bobo canal Saint Martin.
    Une fulgurance cinématographique nous rappelle que nous sommes au cinéma et dans le même souffle nous offre un miroir pour nos humaines faiblesses.
    Il fait bon retrouver le réalisateur
    https://blog-de-guy.blogspot.com/2018/09/le-poirier-sauvage-nuri-bilge-ceylan.html
    dans une durée de 3h 20 convenant parfaitement pour compléter les obscurités non révélées sous une couche de neige crissante.
    Voyelle19
    Voyelle19

    20 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 juillet 2023
    Ceylan le magicien réussit une nouvelle fois à nous éblouir avec ses crépuscules glaciaux au cœur de l'hiver d'Anatolie.
    @placeoflucas
    @placeoflucas

    25 abonnés 45 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 juillet 2023
    L'impression d'avoir vu un grand, long et lent périple de vie, pas des plus passionnant mais magnifié par des images et des acteurs sublimes.
    Goéland
    Goéland

    27 abonnés 127 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 juillet 2023
    Dans un bourg du fin fond de l’Anatolie, sous le neige, un professeur de dessin, Samet, traîne son mal-être et attend avec impatience sa mutation après quatre années de service dans ce qu’il estime être « un trou ». Son collègue, Kenan, avec qui il partage une location, et lui, vont être confrontés à deux situations tendues : des accusations de trop grande proximité formées par deux adolescentes ; un jeu de séduction avec une amie de Samet, Nuray (Merve Dizdar, primée à Cannes), engagée politiquement, qui a perdu une jambe lors de l’explosion d’une bombe, un modèle d’intelligence.
    Sur cette trame, Nuri Bilge Ceylan, déploie sa virtuosité, tant dans la captation des paysages, magnifiques de cette contrée perdue sous la neige et plus tard en été, quand les herbes deviennent soudainement sèches, que dans la très fine divulgation des psychologies de ces trois personnages principaux.
    Les dialogues, d’une intensité constante, essentiellement sur l’engagement, sur le rapport de l’individuel et du collectif, nous captivent.
    Un grand film de Ceylan, dans la lignée de « Il était une fois en Anatolie » et de « Winter sleep ».
    islander29
    islander29

    865 abonnés 2 355 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 juillet 2023
    Ce qu’il y a d’admirable, à la fin de la séance, c’est que le spectateur est forcé de méditer à ce qu’il vient de voir, je dirais même se sent un peu perdu….Le film reste à l’esprit au moins pour quelques jours ou semaines, il nous imprègne….Même si j’ai été un peu déçu par le début du film ; l’austérité des personnages devenant pesante,
    Le village semblant moyenâgeux, (la longueur du film me faisait peur)…Et pourtant, le film raconte l’histoire d’un professeur de dessin, qui se voit piégé par ses élèves ( ne le sommes-nous pas tous en société ?), par sa direction, .
    Les dialogues sont parfois trop sombres, hélas, les attitudes ambiguës, et même je pense, le film peint une certaine « idiotie » des personnages, comparé à La grande ville Istanbul…..ça interpelle forcément…
    Le film propose beaucoup de pistes, « les risques du métier » inévitables pour un professeur ? Mais aussi la solitude
    face au pouvoir, la frustration intellectuelle de ce métier (quasi inévitable au sortir des facultés rayonnantes), et récurrente, , mais aussi l’amour et son importance dans l’équilibre humain, l’hypocrisie des enfants du village,
    , bref le film suscite une réflexion profonde, d’autant qu’il n’offre guère de réponses, à ces problématiques ?
    De l’écœurement du début, on passe à l’émotion, la suspicion, puis l’admiration pour ce professeur, qui ressemble
    il faut le dire, à un autoportrait du réalisateur Bilge Ceylan, je dois souligner que la dernière heure est brillante (est-ce un hasard de mise en scène ?) et force le respect………Pour en venir à la technique, elle est irréprochable, (plans séquences sous la neige, photographies, musique bucolique), En conclusion le film dégage une harmonie spirituelle
    Et puissante, qui comme chez tous les génies, devient universelle…..Au fond les trois heures du film n’étaient pas
    si rédhibitoires, une œuvre à revoir , je conseille….
    Jmartine
    Jmartine

    167 abonnés 673 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 juillet 2023
    En relisant ce que j’écrivais sur « Winter Sleep » ou « Le poirier sauvage »…je me dis que je n’avais pas été très tendre pour les précédents films de Nuri Bilge Ceylan…et finalement je ne regrette pas d’avoir surmonté mes réticences passées en allant voir son dernier film « Les herbes sèches » …Cette ample et puissante fresque existentielle de 3 h 17 lui a été inspirée par le co-scénariste du « Poirier sauvage » Akin Aksu et le journal qu’il tenait quand il enseignait dans l’est de l’Anatolie…une région où n’existe que deux saisons, l’hiver et l’été…le film se passe aux 4/5 en hiver, vastes paysages enneigés, atmosphère cotonneuse…
    Une silhouette progresse lentement dans un paysage étouffé par la neige. Celle de Samet (Deniz Celiloglu), prof d’arts plastiques, de retour après les vacances dans le village kurde d’Anatolie où il effectue son service obligatoire. Samet trompe l’ennui en buvant le thé avec Kenan, son colocataire, dans un logement de fonction et se morfond en attendant une éventuelle mutation. Ce « trou à rats » ne le mérite pas. Il y végète depuis quatre ans et n’a de cesse que de redemander sa mutation pour Istanbul ... spoiler: Seule Sevim, une élève, adolescente au corps de déjà femme mais la voix d’enfant semble curieusement donner un sens à son existence, mais avec une copine elle va l’accuser, comme Kenan d’ailleurs, « d’attitudes et gestes déplacés », sans qu’aucun de leurs collègues, trop occupés à assurer leurs arrières, manifeste à leur égard la moindre empathie.

    Nuri Bulge Ceylan va se servir de cet évènement en soi dramatique pour entrer dans les chemins intérieurs sinueux et tourmentés de son protagoniste. Il est présenté à la fois comme un adulte qui cherche à trouver une escapade à son mal-être, ou comme un être condescendant, qui appréhende ses élèves et les villageois comme des personnes médiocres. Le film sème le doute chez le spectateur quant à l’appréciation qu’il peut se faire du personnage principal. Anti-héros détestable ou au contraire, homme raffiné et intelligent qui cherche par tous les moyens à redresser son existence ?
    Le film n’apporte aucune réponse définitive, sauf à la toute fin peut-être. Il fallait un comédien de haute voltige pour interpréter ce rôle. Deniz Celiloğlu est de ceux-là. Il donne vie à un être aux mille visages, généralement bon, mais capable aussi du pire. Il n’y a jamais la moindre faute de goût dans le jeu de l’acteur. Chaque geste, chaque regard, chaque mot sont mesurés à l’aune de la très grande complexité du personnage….
    Survient alors un personnage jusqu’alors secondaire, Nuray (Merve Dizdar, inattendu prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes), professeur d’anglais dans une ville voisine, activiste amputée d’une jambe à la suite d’un attentat, et qui prend alors toute sa place dans le récit. Entre les deux enseignants et elle, un triangle amoureux se forme dont Samet, jaloux de Kenan, entreprend vite de saper l’équilibre….
    Avec « les Herbes sèches », Ceylan traite avant tout de la perte des idéaux. C’est un film certes bavard – pas facile à suivre en VOST - qui culmine dans un long ping-pong verbal entre Samet et Nuray sur la nécessité de l’engagement pour elle et le repli sur l’individualisme pour lui, anti-héros aigri, manipulateur, ennemi des idéologies, longue conversation de salon, dont la durée prolongée et la finesse des dialogues produisent un effet de réel extrêmement fort… méditation sur le bien, le mal et ces aléas de la vie qui abîment nos âmes incertaines, « les Herbes sèches » confirme que Nuri Bilge Ceylan reste bien le portraitiste hors pair de la condition humaine au détriment peut-être d’une certaine lisibilité de l’intrigue qui, bien qu’extrêmement concrète durant les deux tiers du récit, devient de plus en plus opaque, se retrouvant teintée d’angles morts que Ceylan n’éclairera jamais….
    Christoblog
    Christoblog

    829 abonnés 1 676 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 13 juillet 2023
    Au fur et à mesure que la filmographie de Nuri Bilge Ceylan se remplit, son statut de plus grand réalisateur vivant se confirme.

    Les herbes sèches permettent de retrouver la richesse exceptionnelle de Winter Sleep et de Il était une fois en Anatolie : tout dans le film respire l'intelligence et le talent. Les thématiques abordées sont diverses et profondes, triangle amoureux, accusation de harcèlement, corruption, terrorisme, propriété, rapport au corps, majesté de la nature,... on ne peut que s'épuiser à lister tout ce que film charrie comme interrogation, débat et interpellation.

    Le propos pourrait sembler abscons s'il n'était servi par un sens incroyable de la mise en scène. Les paysages hivernaux sont sublimés par l'oeil de Ceylan, et les mouvements de caméra sont souvent d'une beauté à couper le souffle. La scène du repas entre le personnage principal et Nuray (prix d'interprétation féminine à Cannes pour Merve Dizdar) est de toute beauté. Un immense moment de cinéma, bousculé par une scène qui rompt le quatrième mur dans un élan sidérant. Il y a dans cette séquence un plan filmé au-dessus de la tête du personnage féminin, qui marque un moment de bascule, et qui m'a littéralement sidéré par sa beauté.

    Ajoutons à tout cela des photographies sublimes (c'est le premier métier de Ceylan), un souffle constant qui font passer les 197 minutes du films en un éclair, des idées à tous les plans, une immersion infiniment exotique dans l'Est de la Turquie, un sens de la nuance qui n'a aucun équivalent dans le cinéma mondial actuel, et vous obtiendrez un des tout meilleur film de l'année.
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