Dis moi de qui t’as peur, je te dirai qui tu es.
Depuis son drame urbain Belleville story de 2009, passé sous les radars, Arnaud Malherbe s’est consacré aux séries TV. Il revient au grand écran avec ces 103 minutes de film d’épouvante pour lequel aucun des codes du genre n’a été oublié. Fuyant un passé douloureux, Chloé démarre une nouvelle vie d'institutrice dans le Morvan avec son fils Jules, 8 ans. Accueillie chaleureusement par les habitants du village, elle tombe sous le charme de Mathieu, un médecin charismatique et mystérieux. Mais de terribles événements perturbent la tranquillité des villageois : un enfant a disparu et une bête sauvage s’attaque au bétail. Jules est en alerte, il le sent, quelque chose rôde la nuit autour de la maison... Une lancinante impression de déjà-vu et donc sans surprise. Décidément nos cinéastes hexagonaux ont bien du mal avec le film de genre. Celui-ci ne manque ni de charme ni de sensibilité, mais l’allégorie me semble un brin trop appuyée pour convaincre totalement.
Et pourtant, tout est au rendez-vous du frisson. Le village reculé, le mystère qui plane sur la communauté, la forêt hantée, la mère seule et fragile, le petit garçon qui prend ses cauchemars pour des réalités… ou pas, bande-son travaillée, lumières, décors, suspense, je le répète, tout est là et résultat… ça ne prend pas. Certes le rapport étroit à l’obscurité et aux bruits nocturnes chez ce petit garçon – atteint de surdité qui plus est, pour faire bonne mesure -, est bien rendu. Filmer la nuit et la peur est un genre à part entière et, honnêtement, le réalisateur s’en sort bien, - même si certaines « nuits américaines » sont un peu trop visibles -. La mise en scène organique, proche des peaux, des yeux et des sensations, est, elle aussi, plutôt bien maîtrisée. Je l’ai dit, beaucoup de qualités dans ce film, mais hélas, un scénario sans grande surprise et dans le cinéma d’épouvante, ça reste très préjudiciable à l’intérêt du spectateur. Et comme souvent, le fait d’avoir donné du réalisme au monstre, affaiblit totalement le récit. Dommage !
Ana Girardot est comme toujours impeccable et plausible. Le petit Giovanni Pucci, déjà aperçu dans Sol, au regard inoubliable et Samuel Jouy complètent cette distribution de qualité pour un film anxiogène sur l’enfermement qui ne manque pas d’atouts mais dont le scénario n’apporte rien de nouveau. Aussi, ce conte horrifique à la Freedy tourne-t-il court trop rapidement et je le regrette car beaucoup d’éléments étaient là pour réussir un bon film de genre, d’où ma déception. Frustrant.