Ce film pêche sur énormément de points dans ses premiers moments, mais étonnamment, au bout d'un certain temps, la sauce prend. Pour en revenir à ces débuts laborieux, les répliques sont nazes, les personnages secondaires ubuesques, les plans ne font aucun effort, Baye se trimballe en fringues froissées. Les scènes de colère sont toutes plus abracadabrantesques les unes que les autres, aucune n'est crédible; j'ai pas pu m'empêcher de rire à chacune d'entre elles. Et je décerne la palme d'or du délirant au jingle de RTL qui poppe de nulle part à la fin, magique.
L'intrigue essaie pourtant de mener ses personnages quelque part et de dénoncer cette méchante société qui oblige les femmes à passer sous le bureau pour percer et les avocats à mentir pour défendre les pires des crapules. Bref, un monde de mensonge et d'hypocrisie qui asphyxie les cœurs purs que sont Depardieu et Baye. Sauf que ça se perd totalement dans un flot de bêtise et une réalisation feignante et kitsch à souhait; la kissing scène en ralenti. Je ne parle même pas de la bande son qui tente tant bien que mal d'instaurer un semblant de tension, mais qui échoue lamentablement à chaque fois.
On dirait que le réalisateur s'est constitué une liste de clichés et s'est donné pour défi d'en caser le plus possible dans son film. Amourette à l'eau de rose menée par un Depardieu séducteur fatal et lourd à se tirer une balle : on est bon. Femme jalouse qui est prête à tout pour faire souffrir son époux : c'est bon aussi. La scène d'auto tamponneuse entre Bouquet et Baye, bordel, c'est anthologique à ce stade. Faut du mental pour rester sérieux dans une scène pareille ! Ou encore combats de haute volée (c'est ironique cette fois). Sérieux, c'est à se demander si Depardieu et son ami avocat se battent ou s'ébattent à ce stade...
Rive droite, rive gauche , ce n'est pas le film qui révolutionne quoi que ce soit. Kitsch, cliché, débile par moment, c'est pas caviar. Pourtant, peu à peu, le trio Baye/ Bouquet/ Depardieu parvient à captiver et porte le navire tant bien que mal jusqu'au générique final.