Le film ouvre sur les obsèques nationales du "plus grand poète français", Victor Hugo, suivies par deux millions de Français (!), formant un interminable cortège de l'Arc de Triomphe au Panthéon, le 1er Juin 1885. Le ton est donné, quand on se rappelle que le grand homme était passionné de spiritisme, et faisait tourner les guéridons presque tous les jours durant son exil à Jersey, convoquant les personnages (illustres) les plus divers, jusqu'à... Jésus, pratiquant le syncrétisme entre spiritisme et spiritualité ! L'héroïne est en effet une jeune fille de bonne famille (peu pressée de convoler - elle a déjà 26 ans quand débute l'histoire) qui a la faculté de communiquer avec les "esprits". Son père, s'inquiétant de la fréquence de ses transes "visionnaires" (et de son indépendance... d'esprit) la fait interner. Non dans une clinique privée, type de celle des Drs Blanche (père, puis fils), que fréquenteront notamment des écrivains comme Nerval ou Maupassant, mais à la Salpêtrière, sinistre établissement public, sur lequel Jean-Martin Charcot a la haute main, dans le service des "hystériques". Le "maître" est réputé pour ses "leçons" d'hypnose, suivies comme des représentations théâtrales.
Rappelant certaines traditions catholiques, comme la "Fête des Fous" du 6-janvier, et dans un but "thérapeutique", qui change des méthodes "musclées" appliquées au quotidien, des "bains" à l'isolement, en passant par le laudanum à haute dose, une fois par an, les "folles" sont grimées et costumées et donnent un "bal", fréquenté par le tout-Paris, s'encanaillant une nuit durant à faire valser lorettes vérolées, ouvrières alcooliques et "démentes" diverses.
Un sujet en or (la condition inique faite à l'"aliénée", comme symbole de celle faite à la femme en général - "Tota mulier in utero") illustré en 2019 par un premier roman à succès, ici adapté par Mélanie Laurent (à l'écriture et à la mise en scène).
La photo léchée et la belle reconstitution historique contribuent à faire de ce "Bal des Folles" un produit mieux venu que les films précédents de cette dernière. Mais l'ensemble reste conventionnel, académique - sans vrai point de vue...
Côté distribution, rien d'exceptionnel non plus : Lou de Laâge en "Eugénie", la grande bourgeoise reléguée par un pater familias indigne, et ML elle-même en "gentille" (intendante du service des "folles"), ayant maille à partir avec une collègue "méchante" (Emmanuelle Bercot), en figures principales.