Vu et avis le 20210614
Film social qui évoque probablement un fait culturel qui a pourtant certain du exister dans bien des pays de part le monde.
Je suis allé voir ce film par hasard, simplement sur son titre et le fait que je voyais que c'était un film asiatique au vu de l'affiche. Les questions autour de l'homosexualité ne m'intéressent plus trop depuis quelques années, j'ai l'impression d'avoir vu trop de film dessus. Il m'arrive donc souvent d'atermoyer pour des films sur l'homosexualité, ou de faire moins d'effort pour aller les voir, et de rater finalement leur diffusion au cinéma.
Heureusement que je ne savais pas de quoi il parlait car j'aurais été capable de ne pas le voir et je préfère l'avoir vu.
Le film montre que l'on peut avoir une vie cachée assez heureuse et épanouie. Que le fait de la cacher est ressentit comme un manque. Que ces hommes qui ont traversé les décennies sont profondément marqués par leur culture, par leurs habitudes, par leur histoire (à l'époque de leur jeunesse, c'était impensable d'imaginer pouvoir parler de son homosexualité, ils se sont construits dans le silence et le mensonge. D'où probablement le refus de Pak de parler avec Hoi lorsqu'ils se rencontrent la première fois).
Quelques réactions au fil de l'avancée du film :
On voit au début du film Pak (le chauffeur de taxi) jouer au plume foot. Il est donc en bonne forme physique car cela reste assez physique.
Hoi (l'ami) : Pas de sucreries le soir, se laver les mains, ne pas critiquer la religion. En une petite série de petits reproches, on comprend que le père et le fils ont une relation tendue, que tout oppose. Il doit surement ravaler sa fierté pour rester avec sa famille. On voit peu après, dans les thermes, qu'il porte une croix. Ce n'est pas qu'il n'est pas religieux, c'est qu'il a une conception plus souple de la religion, homosexuel croyant.
Je ne sais plus comment cela arrive, probabelement une discussion de groupe lorsqu'ils évoquent la maison de retraite gay. il y a une référence au fait de ne garder rien qui pourrait permettre aux familles de deviner l' homosexualité. Etre dans une maison pour gays semble une solution intéressante pour les deux grands pères principaux .
Après le repas ou ils parlent des couples gays, de depuis combien de temps ils sont ensemble, il y a une belle chanson à texte. J'ai l'impression que c'est inhabituel. Durant le film, on entend trois fois cette chanson ou ce type de chanson. Je ne sais pas si c'est parce que c'est une voix d'homme avec peu de musique dessus qui permet à la voix d'être bien distincte, ou si cela peut effectivement relever du type chanson à texte. En tout cas, j'ai l'impression d'entendre habituellement des orchestres, de la pop ou des formes d'opéra asiatique. Ces chansons m'ont très agréablement surpris.
L'histoire des crabes m'a beaucoup plus. La femme de pak ne veut pas manger seule, pak mange donc pour qu'elle mange. Cela montre un attachement à sa femme, bien qu'il se considère homosexuel. Dans le film, il y a une relation très particulière entre Pak et sa femme, d'autant plus étrange qu'elle n'est qu'à peine esquissée. J'ai beaucoup apprécié de n'en savoir pas plus (est ce que sa femme sait qu'il est homosexuel et si oui depuis quand, que pense t-elle de lui. Quels sont les espoirs de la femme de pak. ... Vers la fin du film, on voit le balcon lorsqu'elle lui conseille de prendre son passe pour le pont ou je ne sais plus quoi - on voit alors qu'elle a surement tout un espace probablement a elle dans l'appartement, probablement sa vie indépendamment de son mari). En tout cas, l'histoire des crabes suggère une belle relation entre eux, probablement faites de non dits et de tentative pour essayer de faire au mieux de part et d'autre.
Ou te retrouverais-je si je venais à mourir ? Superbe idée, délicatement posée sans insistance.
La fille de Pak qui pleure et dit 'j'ai toujours cru que tu préférais mon frère". En effet, Pak semble avoir fait de belles choses pour sa fille à ce moment là. Pudeur d'un père envers sa fille, incompréhension, ... Le film ne s'intéresse pas au passé, il montre la situation telle qu'elle est. Peu importe finalement comment on en est arrivé là, l'important est ce qui se passe.
C'est à ce moment là dans le film que Hoi jette la boite métallique je pense.
Après que Pak reçoive de l'argent de son fils, il y a un plan marquant de la femme de Pak. C'est étonnant car ce plan ne montre rien, ou plutôt, il montre ce que le spectateur a envie de voir. Je trouve cela astucieux, bien fait.
Le fils qui demande à Hoi de baisser le son. Peut-être que le plan montre que le film ne veut rien savoir, que ça l'arrange de ne pas savoir. A priori, le fim semble montrer qu'il ne va pas en parler à son père, il pourra prétendre ne pas savoir.
J'ai bien apprécié la délicatesse de la série d'images qui clos le film. Elle retrace un peu le film et en particulier, cette image de l'ombre de frondaison m'a beaucoup plu. Elle est esthétique, mais très signifiante je trouve. Il y a ce qui est visible, lumineux et ce qui est moins visible, à l'ombre. La réalité est la composition des deux. L'un sans l'autre ne serait rien, n'expliquerait rien. L'homosexualité et le cacher à sa famille, la vie de famille sans reconnaitre son homosexualité. La vie de Pak et Hoi s'explique par la relation entre ces deux aspects, l'équilibre entre les deux. L'image du feuille m'a évoqué cela et j'ai trouvé cela fin et délicat.