Et bien, si on m’avait dit qu’une des scènes qui me marquerait le plus cette année serait portée par une chanson de Dalida…
Annie décide de pratiquer un avortement clandestin, et Monique, interprétée par une surprenante Rosemary Standley (la chanteuse du groupe Moriarty) lui tient la main en lui chantant cette chanson pour lui faire oublier ses angoisses, et par la même occasion celles du spectateur.
A elle seule, cette scène résume tout le film : la solidarité et le combat de ces femmes qui se sont mobilisées pour faire avancer les choses et éviter que d’autres meurent en s’avortant elles-mêmes…
Suite à cet avortement, elle va entrer dans la MLAC (Mouvement pour la Libération de l’Avortement et de la Contraception) et mener une bataille qui donnera un nouveau sens à sa vie.
Dès sa scène d’ouverture, avec une réunion en arrière-boutique où plusieurs femmes expliquent pourquoi elles ont pris leur décision, le film m’a noué le bide, sans jamais relâcher son étreinte pendant le reste de la séance (jusqu’à la chanson du générique de fin…).
Chaque scène de témoignage, chaque scène d’avortement est un véritable déchirement, sans aucune fioriture, aucun voyeurisme, mais d’une justesse inouïe et une pudeur bienvenue qui fait qu’on a souvent l’impression d’être face à un documentaire.
Laure Calamy, après m’avoir déjà bluffé il y a quelques mois dans A PLEIN TEMPS (je n’ai pas pris le temps de vous en parler, mais foncez !!!), confirme tour le bien que je pense d’elle. Elle se métamorphose au fil des scènes tout en gardant le naturel qui lui est propre.
Même si centré autour d’Annie, c’est finalement un film choral qui est un véritable hommage à toutes ces femmes qui se sont battues, souvent dans l’incompréhension de leurs entourages. C’est saupoudré d’humour, mais toujours pour servir le propos et le final vient nous rappeler que même si la loi Veil est passée, il aura quand même fallu attendre huit ans pour que l’IVG soit pris en charge par la sécu, et que le combat est loin d'être terminé...
Un grand film, bouleversant, maitrisé et surtout essentiel, car quand je vois des groupuscules ou des états se battre pour faire machine arrière, je suis comme Annie : COLÈRE…
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