J'avais aimé Vers la tendresse, encore plus La Permanence. Saint Omer est à des années lumières de ces deux films. C'est un naufrage, c'en est même très embarrassant. Rien ne va dans ce film qui se prend très au sérieux, qui est très mal écrit, qui croule sous les intentions, où rien n'est incarné, rien n'est juste, rien n'est subtil. La narration est d'une lourdeur sans nom, plutôt que de solliciter Marie Ndiaye, elle aurait mieux fait de s'entourer de scénaristes, et il y en a des très bons en France. Des scénaristes pour donner vie à ces personnages, qui ici ne sont que des faire valoir idéologiques et qui n'existent jamais. Au passage, même si pour moi ce n'est pas très important, qu'est-ce que les acteurs sont mauvais : surtout la Cour, les avocats, qui jouent comme des ados en stage théâtre. Enfin, le plus gros problème du film, c'est la réalisation. Le fondu sonore pendant le tirage au sort du jury... là c'est carrément honteux, digne de mon fils de huit ans qui découvre imovie. Je me suis demandé si Alice Diop n'avait pas pété un plomb, si le petit succès de ses films précédents ne lui était pas monté à la tête. Du coup ça donne : Duras, Pasolini, Nina Simone... Pourquoi pas. Mais où sont passées la grâce, la finesse, la mélancolie de ces grands artistes. Ici, tout avance avec des semelles de plombs.