Deux films parallèles
Encore une fois, c’est le 1er film de la franc-sénégalaise Alice Diop que je vois. Et piur cause, car après une belle carrière de documentariste, elle réalise ici son 1er film de fiction. Quoique… Rama, jeune romancière, assiste au procès de Laurence Coly à la cour d’assises de Saint-Omer. Cette dernière est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage du nord de la France. Mais au cours du procès, la parole de l’accusée, l’écoute des témoignages font vaciller les certitudes de Rama et interrogent notre jugement. Primé à la Mostra de Venise, ce drame est appelé à représenter la France aux Oscar… et là je m’interroge. Pour échapper au simple (?) film de procès, Alice Diop a développé parallèlement les évolutions d’un personnage de fiction, dont l’intérêt m’a totalement échappé. « Parallèlement », tout est là, car les parallèles, comme chacun sait, ne se rejoignent jamais. Et c’est bien là que le bât blesse.
Après son Prix Jean Vigo et son Lion du meilleur premier film à Venise, on était d’endroit d’attendre beaucoup plus que ces 122 minutes longues, longues, longues… Derrière ce film se cache l'histoire vraie de Fabienne Kabou, une mère condamnée en 2017 pour infanticide. Le 20 novembre 2013, le corps de sa fille Adélaïde, 15 mois, est retrouvé par un pêcheur sur la plage de Berck-sur-Mer. Sa mère, qui ne l’avait jamais déclarée à l’état civil, l'avait abandonnée la veille sur cette plage à marée montante. Mobile du crime selon l’accusée : c'était plus simple comme ça ! Notre réalisatrice avoue une véritable obsession pour ce fait divers et pour la personnalité de la mère, sénégalaise comme elle. Aussi a-t-elle voulu montrer la complexité d’une femme noire intelligente et cultivée à travers les textes exacts notés durant les différentes sessions des Assises. Un pari difficile à réussir au cinéma. Il aurait sans doute pu être gagné si le scénario n’avait voulu ajouter, hélas de manière très artificielle, le personnage de la journaliste qui assiste au procès et, pour des raisons assez obscures, s’identifie peu à peu à l’infanticide. Pour moi, ça plombe totalement l’intérêt que j’aurais pu accorder à ce film.
Kayije Kagame et Guslagie Malanda ne s’en tirent pas trop mal tout comme Valérie Dréville et Aurélia Petit. Les autres Xavier Lamy, Thomas de Pourquery, Robert Cantarella, jouent les utilités. L’ennui plane sur ce film – et très vite sur la salle -, la sublime photo de Claire Mathon déjà remarquée pour ses contribution à Polisse, Comme un avion, Portrait d’une jeune fille en feu, - couronné d’un césar pour sa photographie - ou Enquête sur un scandale d’état. De l’ambition non aboutie. Qui trop embrasse