J’avoue que je suis sorti déçu de la projection des « Amours d’Anaïs » premier long métrage de Charline Bourgeois-Tacquet, qui avait déjà dirigé Anaïs Demoustier dans son court métrage « Pauline asservie » .C’est en songeant à elle, qu’elle a écrit « Les amours d’Anaïs » …C’est en opposition à l’image de la trentenaire, super active dans un métier valorisant, avec un compagnon idéal, des enfants formidables… qu’elle a voulu dresser le portrait d’une jeune femme complexe, prise dans les difficultés matérielles et existentielles propres à son âge et à son temps…Anaïs Demoustier est donc Anaïs, personnage central du film… Anaïs virevolte, parle comme une mitraillette, s'agite dans tous les sens, s'exprime comme elle pense, se déshabille en tortillant des fesses, impose un tempo véloce par son sens du comique et d’inarrêtables logorrhées... Superficielle, ne vivant que dans l'instant, ne construisant rien, elle séduit et énerve à la fois et pour ma part m’a d’abord énervé !!!
Le film suit les atermoiements de cette thésarde en littérature qui prépare une thèse sur l’écriture de la passion au XVIIe siècle , délaisse son petit ami, trop posé à son goût, se jette dans les bras de Daniel, un éditeur assez veule (Denis Podalydes) qui a près de deux fois son âge…pour mieux séduire sa femme Emilie ( Valeria Bruni Tadeschi) écrivaine …qu’elle poursuit jusque dans un colloque en Bretagne…dans un château en bord de mer, pour ceux qui comme moi connaissent la région, le château de Kerduel près de Pleumeur Bodou, avec des échappées sur la plage de Maez an Aod, à Lannion…Dans ce nouveau cadre apaisant, le film ralentit le mouvement…On passe du marivaudage au jeu troublant de l’approche amoureuse , l’impétuosité d’Anaïs et le maelstrom dans lequel elle nous avait plongés cède le pas au temps suspendu de l’attente…et on commence à respirer à nouveau !!!
Les fans d’Anaïs Demoustier seront ravis, même si elle a tendance ici à surjouer son personnage…et pour ma part, de tous les films où elle a joué, c’est Bird People que je préfère…Il manque aux « Amours d’Anaïs » un peu de coffre et de densité pour pleinement satisfaire.