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Louna Eberhardt
1 abonné
2 critiques
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4,0
Publiée le 9 novembre 2023
Film novateur, authentique, puissant. Mi-documentaire mi-fiction, ce film apporte de la fraîcheur et de la nouveauté dans le cinéma français. Une réalisation surprenante qui fonctionne et touche le public. C'est un film à voir.
Marion Cotillard tient ici l'une de ses plus belles interprétations. On se prend avec plaisir à rencontrer la mère de la réalisatrice et découvrir ces moments de sa vie. Attention, des larmes peuvent tomber sans le vouloir lors de votre visionnage!
Dans cette famille, les filles écrivent sur la vie de leurs mères depuis deux générations. Mona Achache, elle, a choisi la voie du documentaire pour essayer de la comprendre, elle qui a laissé tant de carnets et d'enregistrementsspoiler: mais dont le mystère du suicide reste inexpliqué. Little Girl Blue est un objet hybride qui ressuscite Carole Achache à travers l'apparence transformée et la voix ajustée d'une Mario Cotillard, prodigieuse dans le rôle le plus difficile de la carrière. L'entourage, parfois toxique, de la mère de la cinéaste, lorsqu'elle était enfant ou adolescente, avec quelques célébrités, dont Jean Genet, est l'une des clés pour essayer de percer une personnalité tourmentée, marquée par la drogue et le sexe. Le dispositif mis en place par Mona Achache est sophistiqué et censé délivrer une émotion qui ne cède pas au glauque. A chacun de réagir en fonction de ses propres sentiments mais cette mise en scène et souvent en abyme pourrait bien rendre à certains ce portrait en fragments un peu trop "joué" et phagocyté par une actrice investie, c'est le moins que l'on puisse dire, mais dont le film enregistre aussi les doutes et les hésitations de cette incarnation tellement habitée. En fin de compte, si l'on saisit peu ou prou qui était Carole Achache et les innommables violences qu'elle a subies, le lien affectif avec sa fille passe en définitive au second plan et c'est un peu dommage puisque c'est aussi ce qui nous importait.
« Ma mère m’a laissé une énigme, l’histoire de notre relation », écrivait Carole Achache. Mona suit la même démarche : partant des boites de photos et lettres qui rassemblent la vie de sa mère, elle réalise Little Girl Blue, du nom d’un standard des années 30 notamment repris par Nina Simone et Janis Joplin. Ces documents et des extraits de radio, des lectures, etc. ressuscitent magnifiquement cette mère qui sera incarnée par la grande actrice qu’est Marion Cotillard. Sa transformation en Carole Achache est un des grands moments du film, lequel fourmille de surprises et d’idées, dans un rapport brûlant avec la mosaïque d’affects et de douleurs qu’il révèle peu à peu. Car ici aussi, être une femme est dangereux, à la merci des ogres. « On n’écrit pas sur le bonheur », dit Marguerite Duras. « Me dire la vérité, c’est déclarer ses failles », écrit Carole. Là est le programme du film, à la recherche de l’énigme de cette vie que les excès et les soumissions mèneront au désespoir. Car une fille se demande, comme sa mère avant elle, ce que celle-ci lui transmet, en dehors des agressions subies en cascades, de génération en génération. Il fallait pour cela un film et celui-ci est marquant.
Sous la forme d’un documentaire, la réalisatrice rassemble tous les souvenirs de sa mère et tente de reconstituer toute sa vie et ses secrets. Tout le long du film, on assiste ainsi à cette reconstitution minutieuse. La démarche est bien sur émouvante mais aussi déroutante et parfois même outrancière. Il faut noter dans ce film la performance d’actrice de Marion COTTILLARD dans le rôle de la fille qui donne un intérêt à ce film bien réalisé mais qui ne m’a pas personnellement emballé.