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Anne CC
10 abonnés
70 critiques
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4,0
Publiée le 27 mai 2024
Film-documentaire, drame. La réalisatrice met en scène une actrice pour rejouer sa mère disparue. Un passé déterré qui ressurgit à travers des audios, des vidéos, des photos et des reproductions. Violences subies par des hommes sur 3 générations de femmes, comme une malédiction, une répétition. Un règlement de comptes porté à l'écran, comme une délivrance ?, sur des sujets tristement encore et toujours très actuels. Film glaçant, émouvant et riche en archives familiales.
Marion Cotillard nous livre ici une performance grandiose par son jeu d'acteur. Cependant, le film contient des passages beaucoup trop longs, peut-être que ce n'est que mon avis mais bon étant donné que sur les trentes personnes présentes dans la salle, 5 sont partit avant la fin et trois se sont mit à ronfler, je n'étais peut-être pas la seule de cet avis. Dommage...
Un héritage lourd et obsédant... Alors que sa mère avait écrit sur sa mère qui avait elle-même écrit sur sa mère, Mona Achache a décidé de perpétuer cette "tradition", mais en restant dans son univers à elle à savoir celui de la réalisation. À travers ce docufiction constitué de journaux intimes, d'écrits, d'images, d'audios de vidéos d'archives, la réalisatrice signe son film le plus personnel. "Little Girl Blue" est exactement ce que l'on voit, une démarche personnelle, un processus pour comprendre sa mère à travers un angle encore inexploré pour elle qui a tout passé au crible et qui décide de confier cette tâche à Marion Cotillard, qui incarne donc son propre rôle avant de peu à peu s'effacer sous les traits de Carole Achache. Une mise en abyme vertigineuse pour un film très intime qui parle de tout et de rien, des expériences personnelles, des doutes, du rapport avec les hommes, du malheur vécu par toutes les femmes de la famille comme une malédiction... Si tout n'est pas intéressant dans cette mise à nu très détaillée, c'est un film d'une grande intensité émotionnelle, mais aussi visuelle avec un énorme travail au niveau de la mise en scène. Bref, un film vraiment surprenant et original porté par une grande Marion Cotillard.
Un docu-fiction au procédé expérimental assez casse-gueule et au final un peu trop perso mais plutôt réussi, qui nous plonge dans les fantômes du passé familial de la réalisatrice, afin de tenter de comprendre les raisons du suicide de sa mère interprétée par une épatante Marion Cotillard.
Little Girl blue est sans doute le documentaire le plus sophistiqué qu'on ait jamais fait. Et ce, sur un sujet particulièrement fort et important. Le dispositif esquissé dans la bande-annonce éloignera peut-être certains spectateurs, mais on ne peut qu'essayer de témoigner de l'exceptionnelle expérience qu'est ce film pour encourager les gens à le voir. S'engager dans la rédaction d'un texte sur une œuvre aussi riche n'est pas chose facile. Little Girl blue est une traversée de la seconde moitié du XXe siècle au travers de trois générations de femmes. On parcourt les rues du Paris littéraire des années 1950. On file au Maroc des années 1980. On remonte les artères du New York des années 1970. Tout cela par l'entremise de milliers de photos, films amateurs, extraits d'ouvrages, entretiens audio, etc. L'ensemble est mis en espace dans un immense appartement reconstitué en studio. Le récit est incarné par Mona Achache elle-même, sa mère interprétée par une Marion Cotillard métamorphosée et des figurants dont on ne voit jamais le visage. Les drames dont il est question ne sont pas à raconter ici ; ils ont la banalité du mal, dans un monde où les hommes se croient tout permis. Par son dispositif hors normes, Little Girl Blue s'inscrit dans une époque qui a vu naître Carré 35 d'Eric Caravaca, Vous ne désirez que moi de Claire Simon, Barbara de Mathieu Amalric et L'Affaire Outreau en 4x52 min sur France Télévisions.
Est-ce une mode ? Injecter de la fiction dans un film documentaire.
Après « Les filles d’Olfa », « Little Girl Blue » de Mona Achache. Pour relater l’absence de ses deux premières filles parties rejoindre l’Etat islamique, Olfa se voit adjoindre trois actrices : l’une jouant ponctuellement Olfa elle-même et deux jeunes actrices jouant ses deux premières filles. Un documentaire troublant dans la mesure où la vraie Olfa reconstitue un passé avec deux actrices jouant ses deux filles.
Avec « Little Girl Blue » c’est la réalisatrice Mona Achache qui demande à Marion Cotillard de prêter ses traits à sa maman Carole Achache.
Ce qui est troublant, ce n’est pas tant que Mona Achache se confronte à Marion Cotillard qui joue sa mère, c’est l’actrice Marion Cotillard qui me donne à voir son processus de création pour parvenir à être la maman de Mona Achache. Moi qui suis sensible à la direction d’acteurs, au travail de l’acteur, j’ai été agréablement servi. Comme j’ai apprécié l’option du décor : plusieurs lieux en un seul lieu ; une usine désaffectée pour restituer l’appartement de Carole Achache, une brasserie, une station de radio, un plateau de télévision.
Enfin ce qui est impressionnant, ce sont tous ces documents constitués de lettres et de photos, de cassettes audio et vidéo, un océan de témoignages sous lequel Mona Achache tente d’émerger afin de mieux comprendre et connaître cette mère. Elle y parviendra... peut-être. On n'est jamais sûr de rien.
Pour le reste, comment ne pas être indifférent aux abus sexuels de ces deux femmes victimes d’hommes plus âgés alors qu’elles étaient de toutes jeunes filles : 11 ans pour Carole, donc la maman de Mona, et Mona elle-même à 13 ans ! Comment ne pas s’indigner de ces mères faussement silencieuses sur ses crimes d’attouchements : la mère de Carole, Monique Lange et surtout Carole elle-même ! Comme une monstrueuse fatalité.
Dernièrement « Le consentement » : milieu littéraire où un certain Matzneff sévissait grâce à l’hypocrisie des uns, au silence des autres, quand ce n’est pas les deux à la fois !
A part le dispositif, à part le travail captivant de Marion Cotillard, à part ces crimes odieux dont ont été victimes ces deux femmes, je suis resté à distance de leur vie. A aucun moment, j’ai envié cet anticonformisme adoubé par Marguerite Yourcenar. J’ai préféré mille fois l’histoire de madame Olfa, qui elle aussi partage malheureusement la même et triste part d’ombre que Monique Lange et Carole Achache…
La forme du film est très surprenante et lui donne un charme particulier. L'histoire est, elle, un peu pathétique. Des femmes éblouies par elles mêmes et les pervers qu'elles fréquentent et qui abandonnent un peu leurs filles à leurs tristes sorts. A la fin, la mise en avant de l'absence totale des pères ne peut que surligner la complexité des relations mère-fille.
Pas évident comme film... Oui, soporifique au début mais on se rends compte du travail, des trouvailles de décors, du talent de Marion Cotillard. Ça parle, ça parle. Mais c'est néanmoins une œuvre artistique. Des vies atypiques. C'est intello. Et d'ailleurs j'ai l'impression d'avoir lu un livre. Entre Varda, JR, et d'autres...
Cette histoire de famille complexe, est magnifiquement mise en scène et réalisée. Marion Cotillard y est fascinante. La photo léchée servie par une bande son parfaite vous emporte du début jusqu'à la fin du film dans une expérience rare. Bravo pour cette œuvre aussi originale que belle. A voir et revoir.
Avec un dispositif proche de celui des filles d'Olfa, même si le sujet n'a rien à voir (un mélange de faux documentaire et de vrai film, avec une comédienne pour un personnage et la cinéaste dans son propre rôle), Mona Achache réussit un tour de force, sensible et saisissant. Elle nous fait vivre la malédiction qui a frappé les femmes de sa famille, ressuscite le Paris littéraire des années 1950, mai 1968, Jean Genet, Daniel Cordier et Jorge Semprun, la folie d'une époque et d'une femme... La superposition de la voix de Carole Achache sur les lèvres de Marion Cotillard, le savant mélange des décors (magnifiques transitions de la rue au restaurant du restaurant au bureau-bibliothèque), la reconstitution des émissions de radio ou des entretiens enregistrés font peu à peu comprendre les raisons d'un suicide sans trancher. Marion Cotillard, dans son plus beau rôle, se fait vraie mère consolatrice. Scotchant.
Mona Achache fait revivre sa mère sous les traits de Marion Cotillard, au moins le temps d'un film, pour mieux comprendre son suicide. L'occasion, à travers ce procédé experimental, de nous faire découvrir les tumultes internes de Carole Achache (Carole Lange) face à un certain milieu litteraire français, d'ausculter la condition féminine à travers les âges, mais aussi et surtout de conjurer la transmission psychique et la répétition intergénérationnelle, avec une empathie et une bienveillance flagrante. Une vraie réussite.
Little Girl Blue se démarque clairement du paysage cinématographique français. Afin de raconter l’histoire de sa mère, Mona Achache a adopté une approche conceptuelle. Dans son film, ils se mélangent à la fois des éléments biographiques présentés à la manière d'un documentaire, mais aussi agrémentés d’une touche de tragédie. Cela permet d’avoir un travail intéressant sur le personnage de la mère. Il faut dire qu’avec les nombres de documents réels utilisés, la personnalité de la mère peut être bien cernée.
Marion Cotillard, dans le rôle central, se distingue par une prestation remarquable. Elle s’engage totalement dans la peau de la mère de Mona Achache. Au départ, il y a comme une distance entre elle et ce personnage. Cependant, plus le film avance, plus on sent qu’elle s’y identifie. À la fin, on a l’impression qu’elles ne font qu’une. Une performance d’acting d’autant plus impressionnante quand Marion Cotillard reprend en synchro des passages enregistrés avec la vraie voix de Carole Achache.
Cependant, le film n'est pas sans ses critiques. Sa nature conceptuelle, bien que rafraîchissante, peut parfois laisser le spectateur naviguer à vue. L'histoire vogue avec une direction pas toujours simple à saisir. Cela laisse une certaine confusion. Durant Little Girl Blue, Mona Achache cherche à comprendre le suicide de sa mère. Une quête tellement personnelle qu’il est parfois difficile de la suivre.
La mère de la réalisatrice, Carole Achache, s’est suicidée le 1er mars 2016, sans laisser de mot. On a retrouvé dans sa cave des archives colossales. Puis Mona Achache retrouve un jour des enregistrements de la voix de sa mère : "Le fantasme impossible d’une conversation post-mortem ne m’a plus quittée : faire revivre ma mère suicidée pour qu’elle m’explique son geste. Lui donner un corps cinématographique et qu’elle soit l’héroïne du film de sa propre histoire." Little Girl Blue est une aventure cinématographique inédite qui plonge dans l'intimité d'une histoire familiale où les femmes sont victimes de maltraitances. Marion Cotillard apparaissait comme une évidence pour Mona Achache. De fait, l'actrice est magnifique comme jamais. Elle passe la porte au début du film pour entrer dans la pièce où l'attend la réalisatrice. Elle passe les vêtements de Carole, elle devient Carole, elle EST Carole. Le travail du film sur les archives (photos, lettres, carnets, enregistrements...) est phénoménal et le montage virtuose. Dans un espace restreint où sont reconstitués un restaurant, une bibliothèque, la rue, un bureau, une chambre..., la vie de Carole est remontée, ses pensées évoquées, ses interrogations ravivées et la détestation d'elle-même souvent présente. Ce film d'une puissance exceptionnelle se termine sur une image poétique qui réunit Mona et sa mère. Cette dernière scène dégage une infinie tendresse. On devine alors que cette expérience cinématographique si particulière, sûrement douloureuse, a réussi à emporter la réalisatrice jusqu'à l'apaisement.
C’est une performance d’actrice indéniable pour Marion Cotillard. Dans ce film, elle incarne Carole Achache, la mère de la réalisatrice de ce docu fiction. Cette dernière cherche à mieux comprendre sa mère et confie à Marion Cotillard la tâche de l’incarner et de reproduire certaines scènes pour la faire revivre. Marion vit totalement au travers de son personnage et l’incarne à l’instant où elle entre dans son costume. C’est épatant.
A vu le puissant et très original film-documentaire de Mona Achache "Little Blue Girl". Mona Achache est la fille de l'écrivaine-photographe Carole Achache et la petite-fille de Monique Lange, écrivaine et éditrice. Après le suicide inexpliqué de sa mère, Mona Achache hérite de tous ses carnets intimes, photos, films super 8, articles de presse, enregistrements audios ... Elle va accrocher tous les documents aux murs comme pour mener une enquête sur le parcours de sa mère et de sa grand-mère, pour se libérer des secrets de famille trop lourds à porter. On croise Jean Genet, Violette le Duc, Juan Goytisolo, Bernard Pivot.... tout le Paris des lettres de la deuxième moitié du XXème siècle. Mona demande à l'actrice Marion Cotillard de porter les habits, les bijoux, le parfum de sa mère... puis de mettre ses mots littéralement en bouche et en boucle (via les enregistrements audios très nombreux) pour faire réssusciter sa mère devant la caméra. La comédienne sous nos yeux stupéfaits va s'effacer physiquement en un clin d'oeil, disparaître psychologiquement avec résistance, se dissoudre peu à peu pour laisser Carole tel un fantôme émerger du passé. Le dispositif peut faire penser à celui de "Les filles d'Olfa" de Kaouther Ben Hania (autre immense coup de coeur de l'année 2023). C'est très théâtral tout en innovant constamment et de façon incroyable au niveau de la mise en scène cinématographique. Mona Hachache et Marion Cotillard sont les deux seules interprètes de ce film. Mona totalement silencieuse et spectatrice regarde sa mère Carole-Marion révéler peu à peu l'intolérable et l'inexplicable. Mona Hachache sait parfaitement faire partager l'urgence de son projet comme si elle voulait avec ce film briser la reproduction infernale de génération en génération de viols d'enfants dont sa grand-mère, sa mère et elle même ont été les victimes. Marion Cotillard tel un talisman qui aurait en son pouvoir d'interrompre une bonne fois pour toute cette chaine inexorable, se jette corps et âme dans ce projet. Elle est fascinante. Ce film est aussi un documentaire sur une actrice d'une sensibilité extrême qui se désincarne progressivement pour entrer dans la peau d'une étrangère qui va l'habiter entièrement. C'est phénoménal. Un Choc.