Après "Un poison violent", un excellent premier long métrage, maîtrisé de bout en bout, Katell Quillévéré avait alterné le bon et le moins bon dans ses deux longs métrages suivants, "Suzanne" et "Réparer les vivants". Allait-elle rebondir ou, au contraire, régresser en matière de qualité avec "Le temps d'aimer" ? Malheureusement, à titre personnel, c'est la seconde option que je retiens. Il serait malhonnête de ma part de faire porter au seul Vincent Lacoste le poids de ce que je considère comme un ratage. Certes, avec son jeu stéréotypé, il n'est pas meilleur que d'habitude mais il n'y a pas que cela qui cloche dans ce film. Il y a tout un tas de comportements auxquels il est difficile de croire, il y a des invraisemblances scénaristiques, il y a une mise en scène digne d'un téléfilm, il y a ce choix de vouloir traiter un trop grand nombre de thèmes (les femmes tondues après la guerre, l'homosexualité, les problèmes de couple, l'amour libre, le gamin qui aimerait retrouver son père biologique, la présence américaine en France après la guerre) et il y a surtout le fait qu'on ne ressente jamais la moindre émotion alors que l'histoire racontée aurait pu, aurait dû en dégager énormément : une fois de plus, on est face au syndrome du réalisateur ou de la réalisatrice qui, voulant éviter à tout prix éviter de tomber dans le pathos, en est arrivé à rendre une copie d'une froideur extrême. Dans la distribution, Anaïs Demoustier tire son épingle du jeu, c'est déjà ça ! Et puis que Katell Quillévéré se rassure : mes jugements concernant les films de Justine Triet étaient similaires à ceux la concernant : beaucoup d'enthousiasme pour son premier film, beaucoup moins pour le second et pour le troisième. Et quand, pour Justine Triet, est arrivé le quatrième, "Anatomie d'une chute", ce fut la consécration, la Palme d'or, etc. Souhaitons à Katell quelque chose de similaire pour son 4ème long métrage !