Vu en séance de pré-visionnage pour les exploitants. Ce film sortira le 28 août 2024 sous le titre de TOUBIB : 12 ANNÉES DANS LA VIE D'UN ÉTUDIANT EN MÉDECINE, et je vous le conseille !
Il y a pas mal de films sur l’exercice de la médecine ou le milieu hospitalier, mais bien peu sur le cursus de formation des médecins, à part HIPPOCRATE, le film de Thomas Lilti (qu’il a ensuite rebooté en série). Imaginez maintenant un mariage entre HIPPOCRATE et ADOLESCENTES de Sébastien Lifshitz, un documentaire où le réalisateur suivait deux adolescentes pendant cinq ans de leur vie… Ça donne TOUBIB, un documentaire où le réalisateur Antoine Page a fait le pari fou de suivre son propre frère Angel pendant douze ans, de son entrée à la fac de médecine à sa thèse, afin d’en faire un film ! Tous deux ont été persévérants et sont allés au bout de leurs objectifs…
La proximité entre les deux frères permet au « héros » de ce film d’être totalement lui-même devant la caméra, et le fait d’être filmé pousse le jeune homme à l’introspection, donnant lieu à des confessions d’une franchise et d’une lucidité impressionnantes, qui dévoilent la part intime de l’étudiant.
Le regard du cinéaste évolue lui aussi au fil du tournage : très effacé dans la première partie, il interagit ensuite avec les patients ou avec Angel.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le film n’est jamais répétitif, et adopte différentes façons de raconter son histoire suivant les époques (beaucoup d’interviews dans la première phase, la moins photogénique, lorsqu’Angel fait essentiellement du bachotage, montage alterné dans le cabinet généraliste…). Et sans faire des folies au niveau mise en scène (l’adaptabilité au moment présent étant le maître mot), on sent une vraie maîtrise du réalisateur, qui fait tout lui-même, prise de vue et de son, montage, supervision musicale (les deux frères sont d’ailleurs cinéphiles et l’on s’amuse à reconnaître des musiques de films comme BARRY LYNDON !).
Avec des milliers d’heures de rushes, Antoine Page a dû faire des choix au montage, et au final il n’y a pas vraiment de scènes « gores » (juste une en service de chirurgie ophtalmique) : l’essentiel est consacré au cheminement intérieur du personnage et à sa relation avec les patients, dévoilant un garçon attachant, drôle, engagé dans la médecine sociale… un très bel être humain en formation !