Film plus que moyen de René Clément, pourtant ultra-célèbre ou ultra-classique, c'est selon. Je m'attendais à un chef-d'oeuvre, et bien, pour reprendre un mot de notre ancien et vénérable président, ça fait pscchhiitt ! Si bien que je ne vais pas traîner dans la critique, et être plutôt méchant, oui oui, méchant. D'abord pour le scénario, et qu'il soit adapté d'un roman n'y change strictement rien, il faut bien appliquer le mot : chiant ! Et pourquoi cela ? Parce que ce cher René, réalisateur de profession, détruit tout suspense avant l'heure, ou plutôt ne sait pas faire monter la sauce, pour rester imagé, et correct. On s'attend évidemment à ce que le général allemand ne brûle pas Paris dès le début du film ; le talent du réa aurait donc du tout tenter pour désorienter et lutter contre ça ! Et ben non : rien, plat, monotone, imbuvable finalement en longueur. Le scénario est d'une prévisibilité assommante, sans soubresauts, sans réveils, sans attaques par surprise ! Je ne sais pas par quel génie, mais même les surprises les plus surprenantes du film apparaissent toutes comme de grossières banalités. Donc, puisque cela m'a ennuyé, je révèle tout : Paris ne brûle pas, et le général n'a finalement pas obéi aux ordres d'Hitler, de tout exploser en quittant la ville.
Si bien que le film n'est que ce qu'il est : une vulgaire reconstitution historique, sans rien, sans panache. J'irai donc plus loin : non seulement ça n'apporte rien historiquement, mais en plus ça dessert ce qui fait la magie de cette Libération. Et là tout y passe : cris des femmes, liesse générale, flonflons... La Résistance n'est pas traitée comme il le faudrait, et apparaît bien plus comme des bandes de bras cassés incapables de s'organiser, et qui ont seulement profité de certains événements favorables... Bref, et c'est ce que je reproche principalement au film : il n'y a là presque que célébration de l'Histoire, Commémoration. L'Histoire est reprise et étalée devant le spectateur, sans étincelles, avec toute la fadeur d'un bouquin à images de terminale. La fiction, la force de l'image, la puissance du cinéma, tout est annihilé au profit d'une reproduction morne et ennuyeuse. Cela a voulu être une Fête, c'est un Ennui. J'irai, même plus loin : le film n'est qu'une propagande pour De Gaulle, le Grand Charles, le Libérateur (qu'on n'oublie pas les élections de 65, l'année du film). Les dernières images du film finissent sur sa Victoire... Et là, on passe de la tristesse à l'affliction : c'est purement décadent.
Non moins décadente est la pléthore d'acteurs qui participent à cette aventure : Delon, Belmondo, Montand, Rich, Orson Welles, Kirk Douglas, Cassel, Trintignant, Signoret, Cremer et j'en passe. Mais rien, rien qui passe, aucune profondeur psychologique, pas de travail sur les personnages, tout défile sans qu'il ne reste rien, et surtout rien de bien. Alors objection/hypothèse : c'est voulu, ou volontaire, le réalisateur a intentionnellement représenté la grande constellation de figures évanescentes qui traversent, finalement bien solitaires et transitoires, la guerre. Mais je ne crois pas du tout à cela (que je m'objecte, donc) : je crois plutôt à un gros budget, donc à un gros casting où l'on fait ronfler les têtes les plus connues de l'époque, pour assurer le succès spectateurs... Exceptions, comme toujours : Orson Welles, qui a un vrai personnage ou plutôt qui, tout Orson Welles qu'il est, surnage naturellement par charisme et génie. ET le général allemand chargé (normalement) de tout brûler, interprété par Gert Fröbe (oui, le méchant de Goldeneye) qui rentre parfaitement dans le rôle.
Un mot encore de déception pour la musique : QUI EST NULLE ! Je n'ai jamais vu un truc pareil : une sorte de musique de la grande vadrouille ou de la septième compagnie pour accompagner, en fond, les images de guerre ou de nazisme (censées graves, traduisant la peur)... Il n'y a pas plus incohérent et raté. Vraiment, c'est ridicule, et ridicule au carré, parce qu'ils insistent, les bougres, en nous rabattant à plusieurs reprises les oreilles avec leur mélodie pourlingue.
Bon, je pense être assez juste en mettant un beau 7/20 : oui, quand même 7, parce qu'il y a eu du boulot quand même (matériel, figurants, tournage à Paris à 5h du mat...). Et c'est long ! Surtout la fin... Et ça, ça dit tout...
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