Toute personne se disant cinéphile ou s’intéressant un minimum au cinéma a déjà entendu parler de ce classique qu’est « Paris brûle-t-il ? ». Le voir en revanche, c’est autre chose. Ce fut d’ailleurs mon cas. J’en avais souvent entendu parler mais je ne l’avais jamais vu et malgré son statut, je plaide même coupable mais il ne me tentait pas plus que cela. Cependant, j’ai quand même voulu le découvrir pour ne pas rester dans l’ignorance et j’ai profité de sa diffusion sur France 3 pour combler cette lacune cinématographique que j’avais.
Très vite, on comprend le statut de film culte et l’aura qui entoure ce long métrage. Avec ce scénario, on se sent très vite plongé dans la résistance en pleine guerre, cette même résistance qui est d’ailleurs bien mise en avant. Le problème, c’est que les films de guerre, j’ai un peu de mal. Je trouve ça toujours très (trop?) bavard et comme pour les sujets politiques, je me sens vite perdu. Ce film ne déroge ainsi pas à la règle malgré les qualités qu’il peut avoir et le travail fourni qui se dégage à l’écran. Comme si cela ne suffisait pas, le film multiplie les personnages ce qui ne m’aide pas non plus et me perd un peu. Résultat, je vois qui sont les gentils et qui sont les méchants (c’est pas bien compliqué) mais je n’ai jamais réussi à avoir de l’empathie pour ses différents portraits que l’on nous dépeint. En revanche, même si le sujet me dépasse, j’ai quand même été touché par la tragédie de la guerre et certains passages ne laisse pas indifférent. C’est l’horreur de la guerre qui me touche mais j’aurais aimé être ému par les résistants que l’on nous présente. On sent que le scénario a un petit rôle de propagande et que l’on veut éviter les énervements (à sa sortie, des personnages présents dans le film étaient encore en vie). Sur le sujet de la destruction de Paris, même si il joue dans une autre catégorie et prend davantage de libertés historiques, j’ai été plus touché par le film « Diplomatie » (j’ai même bien envie de le revoir) avec ce face à face où l’on s’intéresse plus aux hommes que l’on nous montre (même si je conçois que dans mon exemple, la guerre est un décor en toile de fond pour le coup).
Côté distribution, c’est le grand déballage de grande classe. Un catalogue de l’époque où se croise des acteurs confirmés, d’autres en devenir et de parfaits inconnus. Le casting s’avère en tout cas bien pensé et chaque acteur joue bien son rôle tout en restant à sa place. On aimerait bien en voir un peu plus pour certains mais on comprends néanmoins leurs temps de présence à l’écran au regard du scénario. Parmi mes préférences, je retiens Bruno Cremer (Le Colonel Rol-Tanguy) qui est parfait et Gert Fröbe (Le Général Dietrich von Choltitz) qui joue avec justesse également. Avec ce dernier, Orson Welles (Raoul Nordling) s’en sort pas mal aussi et lui donne bien la réplique mais je l’ai trouvé un peu trop en retrait parfois. En second rôle de grande classe, Alain Delon (Jacques Chaban-Delmas), Kirk Douglas (Le Général George S. Patton) et Jean-Paul Belmondo (Yvon Morandat) en impose pas mal également dans cette distribution bien riche. Parmi la figuration, crédité au générique ou non, faisant une apparition furtive ou plus importante, on pourra également s’amuser à retrouver des artistes tels que Michel Sardou ou Patrick Dewaere en jeune résistant, Simone Signoret en patronne de bistrot, Yves Montand en sergent tankiste ou Anthony Perkins en sergent américain pour ne citer qu’eux (la liste est longue). Seul élément qui m’ait un peu perturbé, c’est le double rôle de Claude Rich (Le Général Leclerc / Le Lieutenant Pierre de La Fouchardière). L’acteur est bon, il s’impose à l’écran mais cette double performance m’a un peu sorti du récit.
Fait à la demande du producteur Paul Graetz, la réalisation de René Clément est sinon très bonne et contribue pour beaucoup aussi à la réussite et au succès du film. Pourtant, il faut les supporter les trois heures de long métrage mais même moi qui ne suis pas fan du genre, j’ai été captivé (même si j’admets que ce fut un peu dur sur la fin). Le montage est réussi, le rythme est correct et j’ai même apprécié la présence des quelques images d’archives qui donne un certain sérieux à l’ensemble. Avec une belle photographie et une bonne utilisation du noir et blanc ainsi qu’une lumière bien exploitée (certaines fusillades glace le sang quand même), on a le droit à une excellente reconstitution de l’époque qui se ressent jusque dans les costumes et les décors. La musique composée par Maurice Jarre nous emporte aussi même si l’on en rajoute un peu plus dans le côté patriotique de l’oeuvre. Quoiqu’il en soit, René Clément va à l’essentiel sans rajout inutile, la tragédie se suffisant à elle-même. Je ne me suis pas senti proche des différents personnages mais je fut quand même plongé dans cette guerre.
Pour résumer, je ne regrette vraiment pas d’avoir enfin vu « Paris brûle-t-il? ». Les films de guerre ne sont vraiment pas fait pour moi mais ce classique vaut néanmoins le coup d’œil et s’avère intéressant dans son approche. Avec un casting d’une rare élégance et une mise en scène très bonne, c’est juste dommage que je ne me sois pas senti plus proche que cela des personnages. En même temps, dès le début on nous prévient que ce ne sont que des acteurs de cette guerre parmi tant d’autres mais j’aurais aimé plus d’émotions au-delà de la tragédie que peut être une guerre. Que l’on soit cinéphile ou non et même si je n’ai pas été transcendé, c’est un long métrage que tout le monde devrait quand même voir au moins une fois je pense, ne serait-ce pour sa culture personnelle.