On aurait aimé ne dire que du bien de ce premier long métrage du comédien Samir Guesmi, un film dédié à Solveig Anspach, un film qui bénéficie du label Festival de Cannes 2020 et qui a presque tout remporté au Festival du Film Francophone d'Angoulême. On aurait aimé car ce film s'avère plutôt juste dans sa peinture des rapports entre un père veuf et un fils attachant mais naïf et fragile, et très éloigné de ce que le cinéma français nous montre d'habitude concernant les jeunes des banlieues. Certes, Ibrahim n'est pas vraiment un jeune des banlieues puisqu'il habite à Paris, dans le sud du 13ème arrondissement, mais on ne va pas chipoter pour quelques centaines de mètres. En tout cas, Ahmed, son père, un ancien toxico, est devenu un homme plutôt strict qui n'apprécie pas que son fils s'écarte du droit chemin. Quant à son fils, qui aime par dessus tout jouer au football, il a un peu honte de ce père illettré qui fait la plonge dans une brasserie près de l'opéra tout en ayant l'espoir d'obtenir un poste de serveur. Mais pour cela, il lui faudrait se faire poser une prothèse dentaire, quelque chose de très cher vu ses modestes moyens, mais qui lui donnerait une meilleure image auprès des clients. Et voilà qu'Ibrahim, entrainé sur une mauvaise pente par son ami Achille, risque de faire capoter ce projet.
Partant du principe que moins on en dit, plus on écoute, Samir Guesmi n'hésite pas à utiliser les ellipses dans la construction de son film. Dans sa distribution, Samir Guesmi a fait appel à lui-même pour interpréter le rôle d'Ahmed et à Abdel Bendaher, un jeune homme sans aucune expérience d'acteur, rencontré à la sortie d'un stade de banlieue à l'issue d'un matche de football amateur, pour celui d'Ibrahim. Ayant joué à deux reprises pour Solveig Ansprach, Samir Guesmi y avait rencontré d'autres comédiens et comédiennes, comme Philippe Rebbot et Florence Loiret-Cail qu'on retrouve dans son film. On note aussi les présences importantes de Marilyne Canto, de Rabah Nait Oufel et de Luàna Bajram. On aurait aimé ne dire que du bien ... Pourquoi ne le fait-on pas ? Sans doute parce que Samir Guesmi va peut-être un peu trop loin en matière de retenue, ce qui débouche parfois sur un manque de rythme. Rien de vraiment rédhibitoire, mais cela empêche de ne dire que du bien d'"Ibrahim".