On a assisté à la conférence d'explications du film avec la réalisatrice et les acteurs, et cela a empiré notre avis. Cela commençait si bien, pourtant, avec l'histoire de ce vieil homme atteint d'Alzheimer qui décède en bouleversant toute une famille, que l'on ne comprend pas pourquoi le scénario a décidé subitement de partir dans un délire sur la filiation algérienne de Maïwenn. Notez que l'on dit bien le nom de la réalisatrice-actrice, et non le nom de son personnage fictif, tant on se prend en pleine poire tout le lourd discours autobiographique, sans aucune finesse, de la dame. Si les similitudes du scénario avec sa vie (la mère franco-algérienne, le père d'origine vietnamienne) ne vous sautent pas forcément aux yeux (on ne connaît pas la vie privée de tout le monde), ces derniers participent à cette impression générale d'assister à une catharsis personnelle. Ainsi, on ne peut pas croire à ce personnage ridicule qui cherche à forcer sa filiation, à trouver des liens (qui n'existent pas, comme en témoignent ses vaines tentatives de se cultiver sur "son pays" en regardant des images d'archives sur un ordinateur) avec un pays idéalisé, qui fait des tests ADN pour se rassurer mais réfute les résultats qui prouvent son délire ("Je n'ai que 15% de filiation algérienne ? Non c'est faux, d'ailleurs je vais me faire faire une nationalité algérienne avec la carte d'identité... Alors, la fiche Wikipedia de l'Algérie, c'est pas où...?"), pays dont finalement on n'a rien de concret à nous dire (on ne voit qu'une image de carte postale à la fin du film et une manifestation populaire sur la fierté nationale d'être algérien... Ou comment réduire un pays à un fantasme niais). On continue d'être gênés en comprenant tout le premier degré de ce discours de revendication, sans fondement concret, digne d'une farce quand on remarque le sérieux générique en français répété en arabe côte-à-côte, le mélo attaché au personnage principal (passé les vingts premières minutes, on ne voit plus que Neige-Maïwenn dans 80% des scènes, en larmes ou faisant le procès de tout le monde sauf d'elle-même). On oublie complètement l'histoire du papy (normal, comme on a révélé qu'il préférait la culture française à l'algérienne, il n'était plus intéressant) au profit d'une lubie identitaire qui ressemble à un mauvais divan de psy. On constate rapidement que la réalisatrice aime se filmer, d'habitude nous aussi, quand elle a quelque chose de plus crédible à nous dire qu'un personnage qui se revendique d'après 15% d'ADN et une page Wikipedia.