Pour être tout à fait honnête, je ne partais pas vraiment confiant pour ce film réalisé par Maïwenn et sorti en 2020, car je m'attendais à un énième film social un peu chiant. Et si c'est effectivement le cas, j'ai malgré tout été agréablement surpris, notamment par la première partie que je trouve très bien écrite ! Nous suivons ici une famille en deuil, et notamment Neige qui cherche à retrouver ses origines algériennes. Avec un tel synopsis, on peut par ailleurs se demander où est la part de fiction et d'autobiographie dans ce film qui semble avant tout avoir été écrit comme une auto fiction de la vie de Maïwenn. Bref, comme je l'ai dit précédemment, j'apprécie beaucoup la première partie car elle traite du deuil avec beaucoup d'humour mais également avec beaucoup de réalisme ! J'ai en effet été très surpris de l'écriture des personnages et de certaines scènes, qui peuvent paraitre ridicules ou exagérées (comme celle dans laquelle la mère de Neige prend en photo cette dernière embrassant son grand-père décédé) mais qui sont avant tout criantes de réalisme ! L'humour passe d'ailleurs beaucoup à travers ce genre de scènes et notamment à travers des dialogues brillamment écrits, ou de très bonnes improvisations. On peut en effet se demander où la frontière entre ce qui a été écrit et ce qui est improvisé par les acteurs tant les personnages se renvoient la balle facilement et naturellement (comme la scène dans le café ou l'excellente scène aux pompes funèbres). Mais malheureusement, le film s’essouffle assez vite et prend un tout autre virage qui est cette fois en rapport direct avec le titre du film et avec son sujet premier. Neige va en effet être de plus en plus obsédée par ses origines et va vouloir à tout prix chercher ces dernières, notamment avec des tests ADN. Alors, ce n'est pas tant le sujet qui pose problème mais la manière dont il est traité. Il semble en effet que le personnage de Maïwenn nourrisse une obsession presque malsaine et destructrice, qui vient casser avec toute la première partie du film mais tombe également dans quelque chose de très politiquement marqué et orienté. En même temps, il fallait s'y attendre, la politique est un sujet inhérent au film social et il fallait donc, à un moment donné, que Maïwenn nous fasse la leçon sur la différence entre une appartenance culturelle et une appartenance "naturelle". Même si le sujet est plutôt mal amené (la scène dans le café) et dénué de toute subtilité (on nous explique en long, en large et en carré que l'on peut être algérien sans être musulman ou musulman sans pratiquer ou musulman et être français... enfin bref, toutes les combinaisons possibles quoi !). Mais c'est lorsque le film adopte un discours gauchiste, encore une fois dépourvu de toute subtilité et ultra-manichéen, qu'il en devient moralisateur, et c'est là que ça pose problème. En effet, le film développe un discours moralisateur, surtout à travers le personnage du père de Neige. Ce dernier est égocentrique, odieux avec ses enfants, tape des scandales à l'enterrement, est très fière d'être français, préfère parler de ses serpents que d'autres choses mais surtout (vous le voyez venir !) vote Le Pen ! Alors voilà on y est, le film gauche dans toute sa splendeur, celui qui induit très clairement que si tes pas de gauche, t'es un gros con qui parle à ses serpents ; difficile d'aller plus loin dans la diabolisation de la droite. Mais plus intéressant encore, le film fait finalement passer les gauchistes (ou la gauche en général) pour des gens sectaires n'admettant aucun autre discours que le leur et va ainsi à l'encore des principes libéraux et tolérants de la gauche. "ADN" nous présente donc de très bonnes idées mais agace très rapidement dans sa seconde partie moralisatrice qui se mord la queue.