Si l'influence d'Alfred Hitchcock sur la filmographie de Brian De Palma a toujours plané, cela est particulièrement marquant pour plusieurs œuvres du réalisateur américain dans les années 70/80, telles que "Obsession", "Body Double", ou encore ce "Dressed to Kill". Là, on s'intéresse à une mère de famille frustrée sexuellement, qui après un adultère sulfureux, va faire une bien mauvaise rencontre... Outre un chassé-croisé langoureux au musée rappelant "Vertigo" (et apparemment, également inspiré de l'expérience de De Palma, qui appréciait de draguer au musée !), la trame reprend plusieurs éléments de "Psycho". Pour autant, comme d'habitude, De Palma ne se contente pas de singer son maître spirituel, mais aborde avec son propre style un scénario de thriller qui tient presque ici du giallo : une héroïne mêlée à un meurtre par hasard, un tueur mystérieux à l'arme blanche rutilante, un assassinat sanglant et graphique, des rebondissements parfois rocambolesques, la police au second plan, etc. Le tout filmé à sa façon, tel un voyeur, jouant régulièrement avec le spectateur (ce n'est par exemple par le corps d'Angie Dickinson que l'on voit nue en gros plan sous la douche dans les premières minutes, mais une doublure bien plus jeune !). Travelings maîtrisés, doubles focales troublantes, split screen, les ingrédients usuels de De Palma sont là aussi, permettant de distiller une ambiance prenante et une tension permanente. La musique réussie de Pino Donaggio aidant également. Ainsi, la fameuse séquence de meurtre est par exemple tout aussi éprouvante que la pression qui la précède. Au niveau acteurs, on retrouve Nancy Allen, habituée de De Palma, qui fait preuve de beaucoup de sensualité. Angie Dickinson étonne en femme délaissée qui se laisser aller le temps d'un flirt, Keith Gordon est attachant en jeune prodige de l'électronique et de l'optique (personnage inspiré de la jeunesse de De Palma), et Michael Caine livre une prestation aussi flegmatique qu'intrigante en psychiatre ennuyé par l'un de ses patients. Enfin, "Dressed to Kill" aborde un thème relativement nouveau à l'époque : la transsexualité. Mélange de psychologie, de trouble d'identité, et de travestissement, on comprend que ce sujet cinégénique ait séduit De Palma !