On pourrait, et parfois même facilement, accuser Briand DePalma de trop souvent pasticher le cinéma de son grand idole, Sir Alfred Hitchcock. Mais ce serait là faire un amalgame un peu nauséeux, car l'américain ne plagie pas purement et simplement l'anglais: il prolonge son œuvre en quelque sorte. De toute façon, quel cinéaste (ou artiste en général) ne s'inspire pas de ce qui a déjà été fait, ne reçoit pas diverses influences qu'il perpétue ? En quelque sorte, on aime à donner un nouveau souffle aux choses nous ayant marquées, aux précepteurs ayant fait de nous leurs fidèles disciples. Dans Pulsions, De Palma convoque inexorablement Psychose et Sueurs Froides, auxquels il adresse de gros clins d’œil, mais pas que. On y retrouve aussi l'influence d'un de ses autres maîtres, à savoir Michelangelo Antonioni (dont il avait déjà largement salué le travail dans Blow Out).
Pulsions est incontestablement un des meilleurs films de son auteur avec les excellents Phantom of the Paradise, Carrie ou L'Impasse. Alors certes aujourd'hui, il a un peu vieilli sur certains points, notamment dans sa bande-son (bien trop) omniprésente et dans son traitement de l'image à la photographie (bien trop) lumineuse, choses lui conférant parfois un aspect de film X rétro. Mais ce thriller ultra-sulfureux peut aussi se voir comme un fantasme d'1h45, les pulsions sexuelles des divers protagonistes étant inhérentes à l'histoire. Une vive tension érotique, en plus d'un suspense étouffant, règne d'ailleurs durant toute la durée de la pellicule qu'elle imprègne langoureusement. Et puis il y a cette mise en scène à couteaux tirés, au service d'un scénario aussi sombre que machiavélique, scénario que n'aurait pas renié Hitchcock lui-même, avec ses mystères, ses brutaux changements de récit, et son superbe coup de théâtre final. Ajouter à cela les parfaites prestations de Michael Caine en psychologue ambigu pris dans une infernale machination, d'Angie Dickinson en mère de famille blasée à la recherche de son pouvoir de séductrice, et de l'égérie de DePalma, Nancy Allen, et vous voilà avec une œuvre captivante, violente et sensuelle, complexe et haletante.
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