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QuelquesFilms.fr
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3,5
Publiée le 28 juin 2013
Gérard Philipe est parfait dans ce rôle de dandy dans la dèche, errant dans les rues de Londres (où toutes les femmes semblent parler français...) à la recherche d'une nouvelle conquête amoureuse. Flegmatique, enjôleur, inquiet, veule, changeant... cet André Ripois est un nouveau don juan qui séduit et se lasse, poursuivant avec les mêmes enthousiasmes et les mêmes déceptions une figure de femme idéale. Aimant toujours et n'aimant jamais. Sincère et menteur. Le portrait se double d'une fable morale assez réjouissante. Il y a beaucoup de drôlerie et d'ironie dans ce film coécrit par Raymond Queneau, d'après un roman de Louis Hémon. On note enfin une certaine liberté formelle (notamment dans les scènes de rue) qui annonce la Nouvelle Vague.
Bon scénario et bonne réalisation de René Clément, avec encore une excellente prestation de Gérard Philipe dans un rôle de Don Juan moderne. Le début est poussif, mais on est très vite subjugué par l'histoire de ce séducteur fourbe jusqu'au dénouement final assez singulier.
Le 0,5 en moins c'est juste pour les 18 premières minutes que j'ai trouvé un peu lourdes et en décalage avec l’ambiance générale du film. Sinon tous le reste est majestueux! Je n'ai vu que trois films de René Clément mais "Monsieur Ripois" est sans doute mon préféré pour l'instant! On retrouve sa pâte notamment dans l'épilogue, Clément étant le champion des fins inattendues et intelligentes. Le montage est très bon pour l'époque et esthétiquement le film est presque parfait voir parfois avant-gardiste. Comment ne pas évoquer les très célèbres plans filmés dans les rues même de Londres, au milieu d'une foule d'anonymes, un décor naturel et profondément humain. Et puis il y a le merveilleux Gérard Philipe qui signe ici une de ses meilleures prestations au cinéma: il est tous bonnement excellent dans ce rôle.Ce rôle d'un homme qui respire le blues (comme j'ai pu le lire ici). En voulant s'éloigner de ses rôles habituels de jeune premier romantique et littéraire, Gérard Philipe incarne finalement toujours un (anti)héro romantique affreusement moderne et looser. On pourrait analyser durant des heures le fait que Monsieur Ripois est bel et bien un personnage romantique à l'instar de ceux des romans de Victor Hugo ou Stendhal. Il incarne également ce fantasme autour de la vie de bohème, de débauche et plus particulièrement du SPLEEN. Mais le spleen du perdant qui n'a aucun talent, pas celui de l'artiste qui console son âme et sa conscience en sublimant son chagrin par ses œuvres. Dans le film Monsieur Ripois n'est comparé qu'à un "noyé" ou un chien perdu La confrontation tout au long du film entre Ripois qui raconte sa vie et Patricia qui l'écoute est significatif: c'est la véritable opposition, le champs de bataille entre le patriarcat et le féminin qui s'affrontent. Ce qui est superbe c'est que Clément ne passe jamais dans l'exagération pour faire passer ses messages: tout est dans la subtilité (contrairement à la nouvelle vague) Même la musique emblématique du film, à savoir les notes de jazz qui accompagnent le blues de Ripois, ne se fait pas remarquer dés le début. Un film donc beaucoup plus complexe qu'il en a l'air mais il faudrait des pages pour l'analyser judicieusement! Un personnage principal littéraire mais illettré, au coeur lourd, à l'esprit moyen mais aux rêves bien vivants. Un vrai voyage dans une existence débraillée et fantaisiste dans un Londres des années 50 dont René Clément arrive admirablement à retranscrire l'ambiance et l'humeur.