Réaliser une (très) bonne comédie, comme cela semble simple quand on regarde Le mariage de Rosa d'Iciar Bollain, un vrai modèle du genre. Tout est contenu dans son écriture, riche, vive et très attentive à l'ensemble de ses personnages, même les plus petits, et malgré le fait que ladite Rosa en est le caractère principal et que les autres protagonistes sont amenés à interagir avec elle. Autre ingrédient que Iciar Bollain n'a pas oublié : le sens du rythme avec un départ relativement rapide et presque chaotique avant que les choses ne se mettent en place et que tout aille crescendo jusqu'au final. Le mariage de Rosa se développe à la fois à partir d'éléments psychologiques (une femme de presque 45 ans qui s'aperçoit qu'elle n'a jamais vécu pour elle-même) mais aussi sociaux et familiaux, très précisément, avec en filigrane cette idée admise (erronée ?) que réussir sa vie passe passe par une "compétitivité" sans faille, tant dans le registre privé que professionnel. A partir de là, le film progresse sur du velours, magnifié par des répliques tueuses et des situations dignes d'un excellent vaudeville (ce n'est pas un défaut quand la chose est pimentée). Irrésistible et jubilatoire, Le mariage de Rosa peut bien parfois aimanter son public dans le sens du poil, notamment vers le dénouement, cela n'a plus de conséquences, il l'a déjà largement conquis (le public). Bon, évidemment, il faut des interprètes au diapason pour que la fête soit complète et Candela Peña et Sergi López le sont, de fort belle manière, de même que tous leurs comparses. Le portrait de cette femme au bord de la crise de rêves se révèle aussi, faut-il vraiment le préciser, on ne peut plus touchant. Iciar Bollain, qui a principalement tourné des œuvres dramatiques ne peut être considérée comme moins "sérieuse" ou audacieuse avec cette comédie qui a le mérite supplémentaire de donner un plaisir incommensurable sur des sujets finalement graves.