1928. Dans le petit monde de "Downton Abbey", c'est quelques mois après la "royal visit". La vie a repris son cours ordinaire. Le "carnet mondain", quand le film commence, c'est un "carnet blanc" (annoncé à la fin du volet précédent) : Tom Branson, le veuf de la benjamine du comte de Grantham, se remarie avec Lucy Smith (voir le premier "long", sorti en 2019, au sujet de la filiation romanesque de celle-ci).
Et il s'achèvera sur un "carnet rose" : les Branson viennent d'avoir un enfant.
Comment, devant tant (d'heureuse) banalité, justifier le sous-titre de ce nouvel épisode du célèbre "period drama", savoir : "a new Era" ?... Le cinéma commence à "parler" ("Le Chanteur de jazz" est sorti fin octobre 1927), et quand les Crawley, dûment motivés par la toiture du château à refaire, acceptent de louer ce dernier, on assistera à un passage de relais obligé entre films muets, désormais boudés par le grand public, et films "sonores" - avec scénarisation à anecdotes pittoresques (l'excellent Julian Fellowes toujours à la manoeuvre), "upstairs" et "downstairs" entremêlés plus que jamais, mais aussi symbolique forte, celle de la "nouvelle Ère", justement ! Le spectateur découvrant, en parallèle, l'affaire dramaturgique intime du moment : quelles étaient, au juste, les relations de Lady Violet (Maggie Smith) avec l'aristocrate français "M. de Montmirail" (sic), sous le Second Empire, pouvant expliquer le legs de celui-ci à celle-là (une somptueuse villa près de Toulon, rien à voir avec un quelconque "Mon-Repos"... la "Villa des Colombes"). Sachant que la comtesse douairière,
sentant sa fin prochaine
, lègue elle-même le bien à la fille de Tom et Sybil, jusque-là la moins avantagée de ses descendants directs ? Une autre façon d'aborder, évidemment, la proclamée "nouvelle Ère" !
Toujours aussi délicieux... Là, mis en scène par le Britannique Simon Curtis (à la ville, et depuis 30 ans, époux de Elizabeth McGovern, à la scène, elle, Cora Crawley, comtesse de Grantham, née américaine comme l'actrice !), aussi chevronné et à l'aise que l'Américain Michael Engler du premier film "Downton Abbey". Interprètes toujours parfaits ("petits nouveaux" compris, comme le "réalisateur" Hugh Dancy - seule notre "frenchie", Nathalie Baye, ratant le coche en veuve Montmirail, inutilement empesée).