« Genre moi ch’taime pas ? Déjà d’une, confonds pas, ch’uis pas ton pote, moi, ch’uis ton frère, donc s’tu veux on va s’déchirer, on va se haïr, ch’rai toujours ton frère. »
Le chien, c’est Damien « Dog », un jeune homme simple et sans travail, c’est aussi Malabar, le pitbull d’Antoine Mirales, grande gueule et pervers narcissique. Entre les deux, survient Elsa, une jeune femme et, paf ! le triangle dramatique apparaît sur fond d’injonctions paradoxales et de jalousie.
Hélas, le pitch simple et attractif n’est suivi d’aucun effet. Chien de la Casse est typiquement le genre de films qui ont plombé le cinéma français, autocentré et maniéré sous de faux airs réalistes, et ce n’est pas la bande originale au violoncelle de Delphine Malausséna et Hugo Rossi (jolie avec ses accents égarés quelque part entre Schubert et Pärt, mais éculée) qui sauve l’ensemble d’un naufrage certain. Quelques belles images d’une petite ville de l’Hérault hors saison, façon Guide Vert des années '70, quelques rares plans intéressants vite noyés dans du déjà vu mille fois, de jeunes désoeuvrés dans une ruralité qui glande, quelques dialogues qui veulent faire vrai et une historiette classique à en mourir… ce que Jean-Baptiste Durand transmet le mieux au spectateur, à la spectatrice, c’est l’ennui profond qui englue ses personnages dans une garrigue qui vit fleurir tant de déserts au moment de la Réforme.
Et ça marche ! on s’y emmerde aussi ferme que les protagonistes dans une réalisation sans originalité, des dialogues sans saveur, des personnages sans intérêt et une histoire qui ne raconte rien. C’est à peine si on peut souligner l’interprétation décalée de Raphaël Quenard (nommé pour 3 films différents et dans 3 catégories aux Césars 2024) dont le phrasé approximatif finit par lasser, celle monosyllabique d’Anthony Bajon et celle, enfin, de Galatéa Bellugi, qui aimerait décoller mais finit immanquablement par se coller au plafond de verre d’une direction d’acteur·trices vide de sens.
Chien de la Casse est un court-métrage de fin d’études auquel on aurait ajouté des silences (sans doute les meilleurs moments) et des scènes creuses pour l’étirer en longueur. Une œuvre scolaire, poussive et sans âme, longue et déprimante comme un mois complet de tournée minérale.
Cerise sur le gâteau, le rebondissement en forme de cliché final achève de ranger ce film parmi les plus gros canulars que l’Académie des Césars ait eu l’occasion de nous sortir.