Parmi les films d’animation sortis au cinéma pendant la période estivale et qui tentent désespérément de raccorder un public et une salle, Drømmebyggerne est peut-être l’œuvre la plus intéressante, forte d’une thématique certes vue et revue – la famille recomposée, le deuil d’un parent disparu ou parti, les tensions que cela occasionne – mais abordée ici par le prisme de la rêverie et de l’imagination, deux biais essentiels pour que de jeunes spectateurs puissent accéder à des sujets complexes et souvent douloureux. Nous passons, comme c’est à la mode aujourd’hui – en témoigne Le Prince oublié, sorti il y a peu –, de l’autre côté, dans la fabrique du rêve, une fabrique de type artisanal où s’agencent décors, accessoires et prestations au service d’une évasion de quelques heures. Alors nous pensons bien évidemment aux grands succès de Pixar et Disney, de Coco à Inside Out en passant par Toy Story et Monsters, Inc ; néanmoins, ces influences se croisent et s’alimentent de manière fluide, donnant lieu à un récit cohérent de bout en bout et solidement charpenté qui évite deux écueils actuels : la confusion des thèmes, résultat d’un trop-plein et qui change le film en bazar ; l’épilepsie confondue avec le rythme. Drømmebyggerne sait ménager ses accélérations et ses ralentissements, offrant de prime abord une assise apte à poser personnages et situations. Lisible, le long métrage l’est tout entier, et en dépit des nombreux cris stridents que poussent les deux filles, son niveau sonore est acceptable, se suit avec plaisir. L’animation est de qualité, réserve quelques compositions visuelles surprenantes proches de l’esthétique surréaliste : la lente décomposition d’un plateau d’échecs n’est pas sans évoquer les peintures de Dali, la fusion des corps dans un décor chargé de couleurs Magritte. Une petite réussite, intelligente et inspirée.