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🎬 RENGER 📼
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4,0
Publiée le 2 décembre 2024
Viktor Kossakovsky (Gunda - 2020) nous entraîne dans un monde de chaos et de désolation, un voyage fantasmagorique où la parole se fait rare (les dialogues se comptent sur les doigts de la main). Architecton (2024) est un voyage méditatif à la fois extraordinaire et poétique, qui s'intéresse à la matière qui constitue notre habitat : le béton et son ancêtre, la pierre.
Dit comme ça, cela pourrait en rebuter plus d’un, mais la réflexion qui y est faite : comment habiter le monde de demain, de façon plus durable et les images qui en ressort (tout simplement magiques), nous tiennent en haleine pendant toute la durée du film.
Le cinéaste russe a filmé aussi bien les ruines de la guerre en Ukraine (le conflit qui l’oppose à l’envahisseur russe) en passant par la Turquie (défigurée par le séisme de 2023 qui a ravagé le sud-est du pays), en passant par l'impressionnant site archéologique de la ville antique de Baalbek au Liban jusqu’à une mine d’extraction.
Après avoir filmé l'eau sous toutes ses formes (Aquarela - L'Odyssée de l'eau - 2019), le réalisateur s'interroge et nous questionne par la même occasion, sur ce que nous réserve l’avenir et comment on pourrait utiliser des matériaux plus durables quand on sait qu’à notre époque, tout est jetable (en France, des milliers de bâtiments sont détruits chaque année, au lieu d’être revalorisés ou réhabilités). 9 bâtiments sur 10 sont construits en béton et ils ont une durée de vie moyenne de 40 ans. Quand on voit les mégalithes vieux de plusieurs milliers d’années, cela nous rappelle qu’à une époque, ils savaient construire pour durer dans le temps et à travers les siècles.
Aux côtés de l'architecte italien Michele De Lucchi, le réalisateur nous embarque dans un voyage déroutant à travers la grandeur et la folie de l’humanité, face à une nature toujours plus fragile et un monde moderne toujours plus hostile. Architecton (2024) nous subjugue par ses images saisissantes en slow-motion et des paysages tous plus impressionnants les uns que les autres.
Les images de ce documentaire consacré à l’architecture, plus précisément à deux de ses matériaux, la pierre ancestrale et le béton moderne, sont d’une rare beauté, faisant doublement naître l’émerveillement et l’angoisse, presque la peur devant ces plans de ruines, d’immeubles éventrés (probablement filmés en Ukraine), ces éboulis gigantesques et diaboliques de pierres et de terre. Architecton se veut une réflexion supervisée par le travail d’un architecte italien sur la permanence des matériaux, la beauté des constructions et sur la nécessité impérieuse de repenser l’idée de construire dans les prochaines décennies. Un sentiment de désolation surnage, à peine apaisé par les vues d’anciens temples qui ont traversé les siècles. Presque mutique, habillé de la musique très opératique et parfois pompière de Evgueni Galperine, Architecton aurait pour le coup mérité quelques commentaires, notamment sur l’histoire des lieux de tournage. L’épilogue tardif nous éclairera davantage sur le projet dont nous avons contemplé jusqu’alors le déploiement esthétique en n’en saisissant sans doute pas toutes les subtilités. Objet iconoclaste et curieux sur un thème rarement abordé, donc à voir.
Vu en avant première, images époustouflantes sur la matière, Des vues impressionnantes sur des paysages de catastrophe. L’architecture dans tous ses états.