Qui est Joan, l'héroïne du deuxième long-métrage de Laurent Larivière ? Une jeune fille au pair en Irlande, follement amoureuse à 20 ans, une éditrice à 40 aux prises avec un écrivain tourmenté, une retraitée solitaire à 60, qui vit dans une grande propriété. Chaque vie est un puzzle que la mémoire assaisonne avec ses propres ingrédients, aigres-doux, et c'est ainsi que se présente le film en flot discontinu, alternant époques différentes et tonalités hétérogènes, avec insouciance, sérénité ou affliction, c'est selon. Dans ce grand désordre narratif, qui emprunte parfois les chemins de la comédie, de l'onirisme ou du fantastique, la constante reste Isabelle Huppert, qui incarne Joan à partir de 40 ans. Pas à 20 quand même, relayée par la très talentueuse Freda Mayor, qu'on aimerait voir plus souvent sur les écrans. De petits rôles aussi pour Swann Artaud, Lars Edlinger, ou Florence Loiret-Caille, très solides dans leur interprétation. Pour autant, A propos de Joan souffre d'un manque de fluidité, à se demander où veut en venir ce portrait de femme éclaté, qui ne s'éclaire qu'à un moment-clé dramatique, révélé trop tardivement pour que l'émotion soit au rendez-vous. Il n'y a rien à reprocher à Huppert qui joue avec l'ambigüité d'un personnage qui reste à moitié secret mais beaucoup à un scénario alambiqué qui n'existe que grâce à quelques fulgurances (les séquences irlandaises par exemple).