La Mort au large est un film de requin décevant, même en mettant en exergue l’absence d’un budget à la hauteur des ambitions du réalisateur.
Premier point le casting. Il est emmené par un James Franciscus assez décevant. Il apparait en effet assez fade, par moment il manque de conviction et son jeu est aléatoire. Il n’est guère appuyé par ses collègues, avec notamment un Vic Morrow juste moyen, et une Micaela Pignatelli qui n’offre vraiment pas grand-chose de convaincant. En clair les acteurs sont globalement transparents, ou alors dans l’excès (c’est le cas de certains seconds rôles) et parviennent difficilement à transcrire la moindre once d’angoisse, de crainte ou de tension. Dommage.
Le scénario ne surprendra personne. Il lorgne vers les Dents de la Mer comme 95 pour cent des films de requins d’ailleurs. Le problème c’est qu’il n’est même pas une digne copie. Les attaques ne manquent pas, pourtant en dehors de celle de la plate forme en bois à la fin elles sont molles et sans tension. Le film ne manque pas non plus de quelques longueurs, toujours pénibles à supporter quant en plus il s’agit de lieux communs déjà vus. De surcroit il y a d’énormes invraisemblances. La meilleure venant de ce type au chapeau, sur la fin, qui, parvenu pourtant à se maintenir sur la plate forme en bois au contraire de ses collègues tombés à l’eau, se jette délibérément dans la mer pour évidemment se faire bouffer.
Sur la forme ce n’est pas très convaincant. La mise en scène de Castellari n’est pas énorme mais bon, elle assure un minimum le spectacle. Il n’y a pas trop de reproches à faire de ce point de vue, ni sur la photographie d’ailleurs, loin d’être grandiose mais correcte. En revanche, les décors sont clairement à la peine, probablement à cause d’un budget trop léger. Les effets spéciaux sont d’une très grande faiblesse, avec un requin très mignon mais qui s’avère moins crédible dans son rôle de prédateur que Seagal en danseuse étoile. J’ai rarement vu une créature qui sentait davantage le carton pate que ce requin. On notera aussi un mannequin terriblement visible lors d’une scène d’action qui en devient du coup plus risible qu’autre chose. De surcroît La mort au large est très avare du point de vue horreur, avec juste un homme coupé en deux, c’est tout. Du coup les amateurs de sang en seront pour leurs frais. La bande son propose deux ou trois choses sympathiques, mais n’est pas plus marquante que cela.
En somme, la Mort au large est un film peu satisfaisant. Il n’a pas de vraies qualités à faire valoir, et par contre il a de réels défauts qui s’avèrent gênants. Il est possible de pardonner un pastiche, voir un plagiat, mais il faut au moins qu’il atteigne un niveau d’honorable divertissement pour pouvoir passer. Ce n’est pas le cas du film de Castellari.