« Marianne de ma jeunesse » est un film curieux à plus d’un titre. En premier, Julien Duvivier qui voulait adapter une œuvre romantique au cinéma, entrant par la même dans un univers fantastique, plus près de Carné (Les visiteurs du soir) et plus encore de Cocteau (La belle et la bête), très éloigné du pessimisme et de la misanthropie, thèmes récurrents de sa filmographie. En second, une double réalisation, dans la langue originale, en allemand, avec Host Buchholz, et une en français avec Pierre Vaneck. Pour les deux acteurs, il s’agissait de leur première apparition à l’écran (même si John Sturges le prétend également pour Buchholz dans « Magnificent Seven » tourné six ans plus tard), le reste du casting restant inchangé, à l’exception du rôle de Manfred (respectivement Udo Vioff et Gil Vidal). Le reste du casting majoritairement allemand est donc doublé dans la version française. Il est donc difficile d’apprécier la direction d’acteur dans ces conditions. Néanmoins, chaque apparition de la jolie Marianne Hold est un moment féérique. Filmé avec beaucoup de bonheur, cette histoire d’un jeune homme qui communique avec les animaux, amoureux d’une jeune fille qui n’est peut être qu’un rêve, fonctionne plutôt bien. Mais les décors de la maison hantée sont lourds, laids et kitsch. A cela s’ajoute un petit groupe de fasciste en culotte courte parfaitement insupportable au sein d’une institution dirigée par un professeur directement issu d’un catalogue de clichés. Très daté et pas vraiment poétique, ni vraiment effrayant, ni vraiment drôle, ni même vraiment émouvant. Ni vraiment un grand film, contrairement à ceux cités plus haut, réalisés en 1942 et 1946 et qui semblent plus intemporels.