Premier film parlant pour Julien Duvivier, qui était alors visiblement encore peu à l'aise avec la technique de ce cinéma qui avait alors à peine trois ans, faisant fréquemment des sautes, parfois très brusques, dans les tonalités sonores, et s'essayant parfois à des petites audaces qui apparaissent quelques fois maladroites à l'instar de quelques gros plans très mal intégrés.
Premier film parlant donc pour Julien Duvivier que cette adaptation d'un roman d'Irène Némirovsky, écrivaine juive qui visiblement ne débordait pas d'affection pour sa communauté, ne nous épargnant en rien le poncif du juif et de l'argent même si le personnage principal va s'avérer plus nuancé et attachant qu'on aurait pu le penser dans un premier temps. Par contre, point de nuance dans les portraits féminins qui sont chargés à mort. Quand on dit qu'il n'y a rien de plus misogyne qu'une femme, le cas Némirovsky en est du moins une preuve certaine.
Pour l'interprétation, elle est franchement très mauvaise sauf pour Harry Baur, véritable monstre de talent, d'émotion et de charisme, qui va devenir une star grâce à ce rôle, s'imposer magistralement dans les douze années qui suivront, en jouant notamment le plus grand Jean Valjean de l'Histoire du cinéma, avant de connaître une fin tragique et ensuite un oubli totalement immérité. Dans "David Golder", Harry Baur y était comme à son habitude grandiose.
Et pour en revenir à Julien Duvivier, s'il était encore loin d'être l'excellent technicien qu'il deviendra très vite, son univers reconnaissable à base de pessimisme, de noirceur dans la description de la nature humaine était déjà lui présent.
Très imparfait, mais la naissance d'une star et la présence de l'univers personnel d'un futur très grand réalisateur valent bien le détour tout de même.