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ronny1
36 abonnés
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2,0
Publiée le 11 février 2019
« David Golder » est l’adaptation à l’écran du roman d’Irène Némirovsky paru en 1929. Julien Duvivier, intéressé par l’aspect extrêmement misogyne du livre, y développe un film à la noirceur caractéristique de son œuvre future et en particulier dans certains aspects des dialogues qu’il a lui même écrits. C’est le premier film parlant du réalisateur et ce n’est techniquement pas une réussite. En premier, un casting d’une médiocrité insigne où surnage sans peine un Harry Baur (bien que pour lui aussi le parlant était une première) dans le rôle de la victime d’une famille qu’en fait il ne connaissait pas vraiment. Cette médiocre direction d’acteur est au service de dialogues parfois inutilement bavards car redondants (mais comme la plupart des premiers films parlants), et une audibilité mise à mal par une bande son catastrophique, comme, entre autre, les glissements des pas de danse beaucoup trop forts, qui diminuent la qualité auditive des voix, ou encore, des bruitages inutiles ou d’autres trop appuyés et surtout une interminable scène finale plombée par les incessantes sirènes des bateaux. Enfin, malgré le bon travail d’Armand Thirard à la photographie, la mise en scène manque de rythme. Développant le thème de l’argent qui rend inhumain versus la pauvreté qui rend bon (le petit immigrant juif de la fin), le film porté par cet l’élan idéologique qui mena le front populaire au pouvoir, connu un certain succès. Ce courant étant resté tendanca, « David Golder » est un film très surestimé, encensé davantage sur le fond que sur la forme. Les premiers pas du cinéaste dans le parlant ne furent guère convaincants, car « Les cinq gentlemen maudits » que Duvivier réalisa la même année sera encore pire, même en bénéficiant aussi de la présence d’Harry Baur. La deuxième étoile est pour lui.
Dans David Golder, son premier film parlant, Julien Duvivier parvient à ajouter de la noirceur au roman d'Irène Nemirowsky qu’il adapte ici au cinéma. Dans son premier rôle parlant, Harry Baur incarne le personnage-titre, celui d’un homme d’affaires pris en tenaille entre des revers de fortune et les deux personnages féminins qui l’entourent, sa femme et sa fille. Cette trame narrative très pessimiste est voisine de celle que le cinéaste reprendra un quart de siècle plus tard pour réaliser Voici le temps des assassins. Ce film souffre de quelques scènes émotionnellement appuyées et surlignées par des décors à l’épure signifiante. L’héritage du cinéma muet est ici patent. Mais cela est bien peu face aux qualités formelles d’un long-métrage étonnamment moderne. Les dialogues concis, les mouvements de caméra étudiés apportés par la mise en scène et le travail effectué par le chef-opérateur Armand Thirard témoignent d’une œuvre très maîtrisée.
Juste à la limite du muet et du parlant, cela se voit et s'entend trop, ce qui aujourd'hui rend ce film lourd et vieilli malgré l'incontestable talent de Harry Baur dont c'est la première expérience parlée et la beauté évanescente de Jackie Monnier. Une fois encore la misogynie de Duvivier submerge tout et rien d'heureux ne peut être tiré de cette triste histoire publiée en 1929 par la romancière Irene Némirovsky. Bien entendu la mise en scène est belle et le sombre romantisme russe passe l'écran ce qui justifie l'intérêt de ce film. L'essentiel mérite de Duvivier est de rendre le plus honnêtement possible ce drame en évitant à Baur d'en faire trop et en ne tirant aucun effet complaisant des diverses situations. La fin est sans doute la partie la plus réussie du film car la conduite des deux femmes finissait par devenir lassante.
Premier film parlant pour Julien Duvivier, qui était alors visiblement encore peu à l'aise avec la technique de ce cinéma qui avait alors à peine trois ans, faisant fréquemment des sautes, parfois très brusques, dans les tonalités sonores, et s'essayant parfois à des petites audaces qui apparaissent quelques fois maladroites à l'instar de quelques gros plans très mal intégrés. Premier film parlant donc pour Julien Duvivier que cette adaptation d'un roman d'Irène Némirovsky, écrivaine juive qui visiblement ne débordait pas d'affection pour sa communauté, ne nous épargnant en rien le poncif du juif et de l'argent même si le personnage principal va s'avérer plus nuancé et attachant qu'on aurait pu le penser dans un premier temps. Par contre, point de nuance dans les portraits féminins qui sont chargés à mort. Quand on dit qu'il n'y a rien de plus misogyne qu'une femme, le cas Némirovsky en est du moins une preuve certaine. Pour l'interprétation, elle est franchement très mauvaise sauf pour Harry Baur, véritable monstre de talent, d'émotion et de charisme, qui va devenir une star grâce à ce rôle, s'imposer magistralement dans les douze années qui suivront, en jouant notamment le plus grand Jean Valjean de l'Histoire du cinéma, avant de connaître une fin tragique et ensuite un oubli totalement immérité. Dans "David Golder", Harry Baur y était comme à son habitude grandiose. Et pour en revenir à Julien Duvivier, s'il était encore loin d'être l'excellent technicien qu'il deviendra très vite, son univers reconnaissable à base de pessimisme, de noirceur dans la description de la nature humaine était déjà lui présent. Très imparfait, mais la naissance d'une star et la présence de l'univers personnel d'un futur très grand réalisateur valent bien le détour tout de même.
Film noir, très noir. Entre le muet et le parlant pour le jeu des acteurs , les cadrageset les contrastes. L'argent détruit la "common decensy". David golder inhumain comme financier, s'humanise peu à peu dans le malheur.
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4,0
Publiée le 30 avril 2009
Film charnière dans l'oeuvre de Julien Duvivier, "David Golder" a surtout servi la carrière d'Harry Baur, complexe et puissant dans le personnage de "David Golder", qui le rèvèla au grand public! Jusque là, le comèdien, très connu au thèâtre, n'avait jamais rèussi à s'imposer au cinèma! Mais Duvivier lui offre un rôle en or, son premier rôle parlant! Ce mèlodrame qui prèfigure parmi les grands films noirs du cinèaste est à dècouvrir pour ceux qui ne connaissent de Duvivier que les aventures pittoresques mais lègères de Don Camillo! Un classique d'une irrémèdiable noirceur avec des mouvements de camèra et des dècoupages très nerveux pour l'èpoque...
Un film noir toujours d'actualité sur l'influence de l'argent sur les rapports humains. Le jeu des acteurs est parfois trop théâtrale mais on peut noter une certaine recherche dans les plans.
Incontestablement l'un des tout meilleurs films de Julien Duvivier. En effet, ce dernier nous offre ici une oeuvre sombre, presque crépusculaire, sans issue et tragique. Le scénario est un modèle à plusieurs points de vue, que ce soit à travers les relations de Golder avec sa fille et sa femme (l'affrontement avec cette dernière est d'ailleurs tout à fait impressionnant) et sa fille, garce manipulatrice. Car Duvivier ne semble ici pas dupe la moindre seconde quant à la réelle valeur de l'ame humaine, et le fait savoir à travers son premier film parlant, et qui est donc l'un de ses plus marquants. Harry Baur apporte quant à lui sa pierre à l'édifice, permettant à rendre son personnage aussi pathétique que profondément humain. Un sommet.