Enfin une comédie française qui sort radicalement du tout-venant du genre proposé par le septième art tricolore depuis quelques temps! C’est-à-dire des productions formatées, balisées, usées jusqu’à la corde et devenant presque parfois des caricatures d’elles-mêmes. Mais, surtout, la plupart du temps pas drôle... Certes, on y va un peu fort, il y a tout de même encore quelques bons spécimens du genre qui sortent parfois du lot et nous enchantent, tels que récemment « Antoinette dans les Cévennes » ou « Jack Mimoun », des films qui s’essaient à autre chose, de plus pointu ou de complètement à rebours des modes. Cependant, « Zaï Zaï Zaï Zaï » développe un type d’humour tellement rare sur le grand écran qu’il souffle un énorme vent d’air frais et d’éclats de rires. Et que cela fait du bien! On n’avait pas rigolé aussi fort et aussi souvent devant un film depuis belle lurette. Sous ses allures de comédie complètement absurde et lourdingue, se cache une œuvre d’une intelligence insoupçonnée et qui porte un regard sur la société rare et plein d’acuité.
Alors bien sûr, certains ne comprendront pas ce type d’humour, n’y verront pas la finesse d’observation ou le souci du détail de certains gags et répliques quand d’autres trouveront cela trop particulier. Et cela peut se comprendre. Mais quand on adhère, on tient là l’une des comédies de l’année si ce n’est LA comédie de l’année. Le film a le mérite d’être très court et c’est très bien, ne laissant jamais la tension comique retomber. Peut-être que le dernier quart s’essouffle un peu mais on n’en tiendra pas rigueur tant il est difficile de tenir le rythme de la sorte durant près d’une heure et demie. « Zaï Zaï Zaï Zaï » nous fait exploser de rire dès sa première séquence au supermarché, début de toutes les péripéties qui suivront et enchaînera ensuite les séquences cultes, entre folie, absurdité, parodie et critique sociétale autour d’un casting sacrément déchaîné, des premiers aux troisièmes rôles. Alors bien sûr, il y a quelques ratés, on ne peut rire à chaque minute et devant chaque occasion mais, il y a tellement d’occasion de se plier en quatre qu’on pardonne aussi vite.
On sort de la projection avec tellement de gags à se remémorer et de moments intelligemment idiots que c’en est jubilatoire. Cette science du rire qu’a réussi à transposer d’une bande dessinée vers le grand écran François Desagnat confine à la magie. Tout l’équilibre délicat mais réussi de l’humour de ce long-métrage est basé sur le décalage entre l’absurde des situations qui tranche avec le sérieux et le jeu premier degré des personnages et donc des acteurs. Ajoutons à cela une foultitude de petits détails visuels ou de sorties de route dingues et vous obtiendrez une séance d’abdos de quatre-vingt minutes. Des problèmes graves sont traités l’air de rien, l’humour se fait parfois impertinent et osé (le gag sur les juifs), ce qui est devenu tellement rare, et les travers de la société française et des français sont épinglés avec beaucoup de véracité (il y en a tellement dans « Zaï Zaï Zaï Zaï » que l’on ne peut tous les citer). En tout cas, entre les péripéties totalement loufoques vécues par Jean-Paul Rouve et les vignettes de quidams réagissant à celles-ci on ne sait plus quel est notre moment préféré. Allez, on dira la séquence de la famille à table tellement bien vue et à mourir de rire, la parodie des Enfoirés qui s’apparente à du génie et Yolande Moreau en flic gentille/méchante aussi royale qu’à l’accoutumée. On a trouvé le successeur de « La Cité de la Peur » et c’est un sacré compliment.
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