Turi c’est le réalisateur avec de bons concepts, mais qui s’enlise en écrivant ses propres scénarios. Il devrait vraiment faire appel à un vrai scénariste, car ici comme dans ses autres films, le principal défaut tient à l’histoire. Bon, déjà Turi a du mal à digérer ses influences, et ici, direct, on pensera à Cube qui s’appuie sur la même idée (sauf qu’ici tube au lieu de cube). Mais à la rigueur, ça passe. Ensuite on aura quand même des références manifestes à Alien, à Cronenberg et même à des films d’horreur plus récents de type Escape Game. Mais encore une fois, acceptons-les. Maintenant ce qui est moins acceptable, c’est les nombreuses facilités du scénar. Turi, suivant les besoins de son récit, ne respecte pas les propres règles de son jeu mortel. Du coup, les règles changent aléatoirement, et l’héroïne en profite plus d’une fois ! De même, il y a des incohérences (se tirer la bourre pour être le seul à rentrer dans une pièce de la taille d’un palace c’est culotté !). Et Turi nous sert déjà ici (il refera ça dans Gueules noires) le coup des symboles cabalistiques indiquant soi-disant un chemin auquel on ne comprend strictement rien. C’est fou. Là-dessus le réalisateur nous mixe une improbable histoire de deuil aux relents loufoques jusqu’à une conclusion assez décevante. Que dire… Qu’en dépit de la tension et du côté oppressant que le réalisateur arrive à amener, notamment grâce à une mise en scène vraiment réussie, à des décors claustrophobiques minimalistes mais qui font leur effet et à des effets horrifiques parcimonieux mais très efficaces, on s’ennuie un peu devant une histoire assurément bancale. C’est frustrant, car comme je l’ai dit, formellement le film est très convaincant malgré son budget ric-rac, la bande son est plutôt prenante, et le casting, qui s’appuie en fait quasi-exclusivement sur Gaia Weiss est très bon. L’actrice s’investit vraiment dans son rôle, elle le porte presque totalement en muet, à arpenter des tuyaux, et elle sort avec les honneurs de ce métrage qui aurait franchement pu être meilleur.
Pour moi c’est là toute la différence entre Cube et Méandre. Si Turi tient la dragée haute à Cube sur la forme et l’acting, force est de constater que l’efficacité de Cube résidait dans la simplicité de son concept, avec ce côté hamster dans des boîtes piégées. Ici, Turi, en bon cinéaste français, se sent obligé de complexifier son histoire à mi-chemin, de lui donner une dimension psychologique lourdaude, une réflexion sur le deuil (d’ailleurs vous verrez à cette occasion la mort accidentelle la plus stupide que vous n’avez jamais vu) pataude censée conclure un métrage dont on visualise mal l’ambition véritable. 2.5