Les deux Nico (Hoult et Cage) sont précisément ceux qui sauvent ce Renfield, avec l'aide d'une Akwafina très en forme aussi, n'empêchant pas le résultat d'être un film comico-horrifique au budget disproportionné (à voir les effets spéciaux hideux, et les cascades kitsch : où est passé l'argent ?!!) et à l'impression finale mitigée ("assez bien, mais pas top"). On a du mal à croire qu'il y a 65 millions de dollars qui coulent dans les veines de ce Renfield, on ne sait pas bien qui pompe la jugulaire, mais il le fait bien discrètement, puisque rien ne vient sortir le film d'une dégaine de série B sympa mais oubliable. Nicolas Cage est comme à son habitude lunaire (donc brillant) dans le rôle du Conte Dracula, Nicholas Hoult est également à son habitude attendrissant dans son rôle de laquais Renfield qui obéit à son maître dangereux... Mais voilà, on est en 2023, donc le lien très fort que ce Renfield affiche à l’œuvre de Bram Stoker (une fidèle adaptation, évidemment à des années-lumière du sublime Coppola, mais qui a l'audace de rappeler à la fois le livre, et l’œuvre de Browning avec Bela Lugosi, dont l'ouverture est un hommage vibrant) est mis à rude épreuve de niaiserie sucrée et de débats simplistes sur les relations amoureuses toxiques, ce qui gâte le goût du sang : on assiste à une intrigue de dispute et d'indépendance qu'on peut prévoir à l'avance, et dont rien ne dépasse de ce qu'on en attendait. Dommage, vraiment dommage, que l'intrigue soit à ce point mielleuse et n'ose finalement pas exploiter le lien entre Dracula et Renfield (vite évacué) pour pouvoir nous fournir de l'humour grinçant, de la tension, de l'action, ce qui est ici seulement repoussé au final, assez tiède (et gorgé de sang ultra mal fait par ordinateur des années 90). On ne reste pas moins admiratif du binôme principal qui fonctionne très bien (les deux Nico ont la folie suffisante pour jouer ces rôles-là), on apprécie quelques rares scènes qui lâchent prise sur leur propre débilité (là où on s'amuse pour de bon), et tant le lien au livre de Stoker qu'au film de Browning, cela nous fait un bien fou dans le paysage d'adaptations saturé de l'univers Dracula. Mais ce Renfield, sans être honteux, s'oubliera très vite, étant tiède en action, mal truqué, prévisible, et niais, ne comptant que sur notre (évidente) sympathie pour le binôme d'acteurs (qui, eux, s'amusent bien). Bref, (re)mettez-vous la série What We Do in The Shadows.