A New-York, après le meurtre de sa femme enceinte, un ingénieur du son devient un justicier ninja…
New York Ninja (2021) est une pépite exhumée de l’oubli, une histoire pas croyable comme il en existe peu. Au début des années 2020, l’éditeur vidéo Vinegar Syndrome acquiert des rushs et pas n’importe lesquelles. 8h de rushs non sonorisées (à savoir : aucun dialogue ou musique) et dénuées du moindre scripte ou storyboard. Réalisé 35ans plus tôt par l’acteur taïwanais John Liu, ce dernier avait été contraint d’abandonné son film suite à la faillite de la 21st Century Distribution Corporation (la société de production qui le finançait). Ce dernier a autorisé l’éditeur vidéo à faire ce qu’il voulait des rushs qu’il venait d’acquérir et le résultat s’avère tout bonnement stupéfiant. Car le travail était considérable pour parvenir à donner vie à ses innombrables rushs en partant quasiment de zéro. Intégralement restauré, doté d’un scénario (qui tente de coller au plus près des rushs), suivi d’un remontage intégral, accompagné d’une bande-son et d’un casting vocal digne des années 80 (période vidéo-club), Kurtis Spieler est parvenu à donner une seconde vie ce film mort-né.
Le résultat est sincèrement bluffant, le travail sur l’image est réellement saisissant si bien que le film à des allures de capsule temporelle en parvenant à nous replonger dans le New-York malfamé des 80’s. La distribution vocale est elle aussi une réussite puisque l’on y retrouve (excusez du peu) Cynthia Rothrock, Leon Isaac Kennedy, Linnea Quigley, Michael Berryman ou encore la pornstar Ginger Lynn.
Une immersion dans les bas-fonds new-yorkais où les loubards font régner la terreur. Digne représentant des années 80, ces derniers sont affublés de bas nylon pour dissimuler leur visage, les tenues vestimentaires nous réservent quant à elles bien des surprises, puisque ces derniers portent des jockstrap à même leur pantalon (!).
John Liu a assuré la réalisation tout en s’octroyant le rôle principal, c’est donc l’occasion pour lui de camper un ninja dans les rues new-yorkaise (qui plus est, à rollers), jetant sur ses assaillants des œufs (en poudre !), sans oublier la scène où il nous fait du "Zui quan" (le poing ivre du kung-fu revisité avec une épée). Mention spéciale à son surjeu lorsqu’il pleur sa femme décédée, avec l’espace d’un instant, des faux airs de Tommy Wiseau (The Room - 2003). Les seconds rôles ne sont pas en reste, notamment celui qui incarne "The Plutonium Killer" et son chauffeur "Rattail" (comme son nom l’indique, ce dernier est affublé d’une immonde queue de rat).
On est dans le nanar pur jus, ne vous attendez pas à autre chose, les interprétations sont toutes approximatives, il en est de même avec les ¾ des chorégraphies des combats. Mais bien évidemment, c’est tout cela qui fait la saveur du film et le magnifique travail de restauration, montage et d’écriture de Kurtis Spieler & Vinegar Syndrome sans qui ce film serait toujours dans les limbes de la MGM (qui détient le catalogue 21st Century et laisse moisir les rushs dans ses entrepôts).
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