C’est vraiment un film peu commun que ce « Of an age ». Pas tant parce qu’il nous raconte une histoire d’amour entre deux hommes sur un très court laps de temps, mais par son origine, sa temporalité, l’intensité et la puissance des sentiments exposés mais aussi par son côté aussi éphémère et évanescent que la relation qu’il met en scène. Le postulat est d’une simplicité qui confine à la banalité. Un petit incident va permettre la rencontre de deux hommes, un jeune danseur et le frère de sa meilleure amie. L’un est supposément hétéro, l’autre est gay. On est à la fin des années 90 en Australie. On apprend à se connaître, on se désire, on hésite et on craque. Mais le frère part vivre à l’étranger le lendemain. Tout se joue donc en très peu de temps. Et tout est beau, fort, subtil et presque envoûtant.
On pourrait penser que « Of an age » se destine à un public uniquement gay, soit donc un film de niche destiné à un public cible, on aura tort. L’histoire d’amour contée ici pourrait être celle de n’importe qui, peu importe sa sexualité, elle est universelle. Tout l’enjeu du long-métrage est de nous faire vivre la force de ce que ressentent les deux personnages, couplé au sentiment presque d’urgence qui les traverse à consommer leur amour, moralement et physiquement. Jamais voyeuriste, le film peut compter sur le jeu incroyablement vrai de ses deux interprètes dont on capte clairement l’osmose totale. On croit en ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre et ce, du début à la fin. Et tout le film, jusque dans les moindres détails, représente bien cette attirance phénoménale et imprévue entre deux êtres. Encore une fois, c’est beau, c’est subtil et c’est presque envoûtant en plus d’être parfaitement retranscrit.
Cependant, « Of an age » compte de longs tunnels de dialogue. S’ils accentuent la véracité de ce que l’on voit, donnant de l’épaisseur aux personnages et à leur ressentis, c’est parfois ennuyant et rébarbatif. Cet aspect répétitif, renforcé par l’unité de lieu de la voiture dans la première partie, peut rebuter car on ne peut pas dire que ce soit une œuvre très rythmée et mouvementée, loin s’en faut. Ensuite, la fin plus qu’abrupte, laissant libre court à notre propre jugement, peut aisément frustrer. Il y a aussi un côté tellement intime qui frôle l’anecdotique. Sans être impudique, on a quand même parfois l’impression étrange d’entrer de manière interdite dans un rapport amoureux privé. Et, bizarrement et paradoxalement, cela rend le film parfois aussi sublime qu’insignifiant. L’esthétique générale est très arty et renforce l’impression d’avoir vu quelque chose de rare et d’éphémère mais pas forcément marquant. Juste une magnifique histoire d’amour contrariée avec ses zones d’intérêt et d’émotions en tous genres, jusqu’au frisson, mais aussi ses moments de flottements, moins intéressants.
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