Joseph K est mis en examen, sans qu’il sache pourquoi. Son procès a lieu sans qu’il en suivre vraiment les péripéties ; il est condamné et exécuté.
A partir du livre de Kafka, Welles construit un film qui est fidèle à son esprit, et en suit assez précisément la trame. Il se contente de la transposer dans une société des années soixante dont l’environnement rappelle les régimes communistes. On retrouve donc l’étrangeté du livre, assez foisonnant, dont on ne sait ce qu’il veut montrer, tout étant parabole, de la justice aux fenêtres qui s’ouvrent. Un peu comme si chacun était libre de choisir ses thèmes et de les interpréter à sa manière. Ce qui est sûr, c’est qu’on est plus proche de Beckett que de Sartre. Pour sa part, K… est dépeint comme versatile, velléitaire, libidineux, souvent futile, intrigué plus que concerné par la thématique de la culpabilité, et pour tout dire déroutant. Comment réussir un film à partir d’une telle gageure ? Welles déploie les diverses facettes de son talent, comme acteur tout d’abord, campant un juge majestueux et roublard, puis comme réalisateur bien sûr : utilisation de décors grandioses et vides, et de cadrages étudiés soulignant l’insignifiance du héros dans l’univers ; alternance de séquences calmes, sous-tendues par un adagio d’Albinoni alors moins célèbre, et frénétiques (virtuose scènes chez Titorelli par exemple).
Mais au final, le film est long, assez ennuyeux, et ne parvient pas à trancher suffisamment dans les abondants dialogues du livre, devenant de ce fait verbeux. Alors malgré les qualités esthétiques et la profondeur de réflexion de l’œuvre, malgré la bonne prestation des acteurs, principaux ou secondaires, malgré les trouvailles de mise en scène et de décors, on en vient à souhaiter que K… soit exécuté rapidement, et qu’on en finisse !