Le poids de la sexualité féminine a longtemps fait l’objet d’une censure ou d’une restriction, notamment lorsqu’il s’agit d’ouvrir des pistes de réflexions. Et ce n‘est pas pour autant que les hommes sont délaissés, dans cette œuvre ponctuée par des interviews de jeunes femmes, qui se découvrent encore et établissent un bilan sur leur parcours respectif et unique. Un rapport sexuel se fait idéalement à deux, mais l’astuce pédagogique des réalisatrices Daphné Leblond et Lisa Billuart Monet démontre que le plaisir est en perpétuel mouvement. Le constat est présent, dans un documentaire qui ne cherche pas uniquement à figer une époque dans laquelle les femmes ignorent les fondamentaux de leur anatomie, mais on cherche à renforcer ce lien qui les unie toute depuis bien longtemps, à savoir le silence.
Plus qu’une intervention de sensibilisation ou qu’une séance d’éducation sexuelle, les langues se dénouent, dans une atmosphère loin d’être neutre. Les intervenantes discutent et débattent avec elles-mêmes à visage découvert et finalement, chaque thématique se recoupe et chacune se répondent tout en apportant une nuance personnelle. Ce point de vue n’est pas à sens unique pour autant car on prend conscience des partenaires, on en établit les portraits afin de ne pas tomber dans les généralités et ces préjugés, qui condamner souvent ce genre de débat. Questionner le sujet à propos de lui-même permet d’établir un profil plus poussé, avec le soutien et le partage de réalisatrices qui manœuvre délicatement contre un énorme non-dit, notamment dans les manuels scolaires qui ne font qu’effleurer la problématique. Bien évidemment, il faut remettre cette réalisation dans son contexte, car les principales cibles sont les femmes se rapprochant des profils présentés, l’âge importe finalement peu.
Aujourd’hui, les enfants sont en avance sur cette question taboue et les échanges sont incontournables, malgré l’aspect intime de la chose. Ce documentaire apporte ainsi des connaissances non négligeables et les situe dans un environnement social instable. Mais cette confrontation n’est que schématique et manque cruellement de profondeur dans les arguments. Certes, il reste tant à explorer et un étude miroir sur le genre opposer pourrait éventuellement compléter ces confessions, touchantes et révélatrices d’une sororité muselée par leur prédisposition. Il faut également comprendre que les inégalités ont pour origine cette sombre observation qui n’a rien de nouveau, mais tout l’enjeu de cet échange est justement d’inscrire ces cicatrices dans l’actualité. Le rapport sexuel aura droit à tout un chapitre sur son utilité ou son efficacité. Mais ce qu’il faudra retenir, ce sont les retours. Le film nous invite à écouter, première étape de la délivrance et de la confiance mutuelle.
Projeté depuis novembre 2019, le documentaire belge « Mon nom est clitoris » devrait trouver son public chez les français et françaises, curieux ou qui recherchent encore un certain déclic. L’épanouissement sexuel ne dépend que de soi-même, mais ce sont les relations et les interactions qui entretiennent le véritable plaisir. Les entretiens le soulignent clairement et aborde la sexualité féminine frontalement et concrètement, avec un vocabulaire pertinent. Si la réalisation en elle-même ne transcende pas la technique, le cadre reste cohérent avec ce mouvement militant, revalorisant ainsi le portrait d’une jeune femme d’aujourd’hui, qu’importe la culture, les croyances qui les accompagne. Elles revendiquent par la même occasion leur indépendance afin de briser une hiérarchisation du plaisir. Mais attention à cette approche qui est loin d’un outil pédagogique symétrique. Cette étude militantisme d’un continent inconnu n’est qu’à mi-parcours des réponses que le public attend et que le public se doit d’explorer.