Après "Bécassine !", il y a trois ans, "film décalé (juste ce qu'il faut), impertinent et poétique" notais-je à sa sortie, voici donc "Les 2 Alfred", autre film décalé (juste ce qu'il faut), impertinent et poétique. Ne déparant pas non plus la filmo antérieure de Bruno Podalydès.
"Alexandre" (le cadet du réalisateur, et son coscénariste, Denis Podalydès - rien d'étonnant !), la grosse cinquantaine, et son épouse (Vanessa Paradis, en caméo), 10 ans de moins, sont les parents tardifs de deux bambins, Gabriel (en maternelle) et Ernestine (à la crèche), des bambins à doudous (évidemment), "Les 2 Alfred". Madame est sous-marinière (carrière ouverte aux femmes depuis quelques années seulement), Monsieur est chômeur (ex cadre dans l'imprimerie). Le mari s'étant fait bêtement poisser à tromper sa légitime, cette dernière lui laisse pour deux mois, le temps d'une mission, la charge des enfants, ayant clôturé le compte commun, et le laissant donc subir les foudres de son banquier. Alexandre saura-t-il gagner une vraie autonomie financière, tout en sachant passer du rôle de géniteur à celui de père tout terrain ?
La tâche s'annonce compliquée quand Il intégre une start-up (dépendant d'une hiérarchie internationalisée, ce qui banalise le globish, et même un indigeste baragouin franco-anglais) - sur une manière de malentendu (un marché à gagner dans la province de ses origines), dont le directeur a, pour cause de dispo "corporate" 24/24, un credo très ferme : "No child" !
Mais, loin d'être une immersion dans le monde implacable de l'entreprise "new look", sur un mode social et doloriste, ce 9e "long" de BP est gaguesque et gentiment grinçant, selon recette éprouvée par tandem fraternel. Voilà une manière de "conte moral" pour temps d'aujourd'hui (voire de demain - le "petit job" principal du marginal "Arcimboldo", BP lui-même, est de récupérer les drones sur les trottoirs et de les recharger, engins ayant remplacé la trottinette pour le côté invasif et le pigeon voyageur pour les vertus ergonomiques). Ludique en diable - avec une distribution (outre les deux frères Podalydès) impeccable, dont Sandrine Kiberlain, en "binôme" du néophyte Alexandre.