Je me méfie des comédies en général, et plus particulièrement des comédies françaises; certaines, portées par de grandes vedettes d'aujourd'hui ou d'hier, vous en lisez le pitch, vous avez déjà la nausée... Exception des Podalydès! Ce qu'on pouvait parfois leur reprocher, c'était un petit côté un peu élitiste, disons humour Rive Gauche.... Avec Les deux Alfred, on est chez Feydeau. Les quiproquos s'enchainent, les portes claquent, sauf que dans les placards, il n'y a pas un amant, mais des marmots....
Alexandre (Denis Podalydès égal à lui même...) est chômeur par chromosomes glandus, et papa poule par vocation. Hélas, il a le malheur de tromper sa femme, officier sous-marinier, (bon, au vu de ce qu'il est, on imagine mal qu'il ait pu tromper avec subtilité...), et lorsque celle ci part en mission de trois mois, le contrat est clair: Alexandre soit s'occuper des enfants et trouver un vrai travail convenablement rémunéré; sinon, divorce; d'ailleurs le banquier (Michel Vuillermoz qui donne du relief aux plus minuscules rôles) commence à être menaçant. Emmener les enfants à l'école et à la crèche, sans oublier le double Lapin Alfred, inséparable doudou, le soir leur préparer à diner avec amour et leur lire des histoires, tout va très bien.... mais trouver du travail? Totalement déconnecté du monde moderne, Alexandre est difficilement casable.
Cela se passe dans un futur très proche, dans un monde qui ressemble beaucoup au nôtre, sauf que le ciel est envahi de drones livreurs et que les premières voitures sans chauffeur sont en service (qui se verrouillent, se bloquent, font n'importe quoi, excellente source de gags). Alexandre a un rendez vous dans une start-up, The Box, qui fait apparemment dans l'évènementiel. Pas de bureau, des petites cabanes en plexi, une table de ping-pong, des bacs à légumes, et une nuée vibrionnante de petits jeunes. Reçu par Aymeric (Yann Frisch) au langage totalement abscons, notre héros, après avoir décliné ses qualités (honnêteté, gentillesse) poussé par quelque instinct de survie, ajpute que de temps en temps il aime bien délirer....Le voilà pris à l'essai et tombe le couperet: no kids! Des réunions peuvent être organisées à n'importe quel moment du jour ou de la nuit, suivant les volontés du manager, et on n'embauche que des personnes sans enfants. Pour tout arranger, la supérieure d'Alexandre, Séverine (Sandrine Kiberlain) est une harpie prétentieuse et énervée, au langage aussi abscons qu'Aymeric.
Notre héros fait la connaissance d'Archimboldo -voilà que Bruno Podalydès se donne un rôle à l'égard du petit frère! entrepreneur de lui-même -il enchaîne des petits boulots des plus disparates, promenade de vieillards, récupération des drones échoués.... il vient squatter chez son nouvel ami, et va donc être le père supposé des deux petits, mais ses missions ont elles mêmes des horaires fantaisistes, mais obligatoires, d'où les quiproquos l'agitation frénétique à la Feydeau...
Le trio d'acteurs est excellent, le scénario vraiment bien ficelé, et on s'amuse. A voir sans hésitation.