Après une déception notable sur le premier opus, je me suis dit "donnons une chance à ce deuxième".
Effectivement, pendant la projection au cinéma, j'ai été sous hypnose pendant quasi tout le film, avec des "WAHOU" intérieurs réguliers. Je suis sorti de la salle, plus rien, comme s'il ne s'était rien passé et que tout le film était déjà oublié. Jamais vécu ce ressenti avant, comment l'expliquer ?
Contrairement au premier, on a davantage d'action, de tension, de mise en haleine. Du visuel qui explose l'écran, des bruits (je ne parle pas de musique, cf ma critique de Dune 1) qui stimulent le système nerveux comme dans un cinéma dynamique. Ça fait oublier le fond, ça éteint la réflexion, ça met dans un état émotionnel inconscient comme lors d'une prise de stupéfiant, et ça retombe ensuite comme une feu de paille à la fin du film. Les gens disent "trop bien" mais consciemment ils n'ont rien intégré, ils peinent à raconter l'histoire, à dire ce qu'ils en retirent.
Et c'est bien dommage car le matériel des livres est colossal (récit de SF mais aussi de géopolitique, de spiritualité/religion, de psychologie, sociologie, d'écologie...) et il n'est ici que vaguement évoqué, utilisé comme support pour crée un produit qui flatte les sens mais reste creux au possible. C'est vraiment malheureux...
Concernant la fidélité aux livres, elle est encore bafouée,
Hawat disparaît littéralement de l'histoire, Alia [spoiler]ne naît pas dans le film alors qu'elle a 4 ans et que c'est elle qui tue le baron avec son Gom Jabbar, elle est seulement évoquée adulte dans une vision de Paul (pour préfigurer le Mad Max Furiosa qui arrive après ?)
, l'empereur est en pyjama, grabataire et vit dans un jardin zen minimaliste, le compte Fenring a disparu de l'histoire, le combat de Feyd-Rautha n'a plus l'enjeu secret manigancé par le baron, ce dernier n'a plus sa tentative d'assassinat par son neveu,[/spoiler] bref il y aurait encore beaucoup à dire, je m'arrête là.
La scène de Paul avec le ver reste cependant impressionnante (ç'aurait été mieux sans le jingle Ushuaïa de Zimmer à la fin), les combats et scènes d'action restent bien filmées et prenantes.
Encore une fois côté acteurs, même délire, du bon casting mais qui fait le taf de Villeneuve : de l'allure, des effets de style mais pas de véritable incarnation, pas d'attachement possible aux personnages. Chani s'éloigne quant à elle du personnage du livre et fait la grimace les 3 quarts du temps, en bonne épouse bafouée et négligée par son homme (attention, elle va peut-être passer de Fremen à Femen dans le 3e film !).
Bref, au final, déçu par l'instrumentalisation des 2 premiers livres pour faire ce joli produit qui en met plein les yeux et les oreilles, qui distille quelque satisfaction passagère, un peu d'idéologie actuelle au passage, mais qui sonne creux comme un ver desséché dans le sable. Je retourne prendre de l'Epice, ça me fera plus d'effet !