Une déception gigantesque, à la hauteur du défi relevé par Villeneuve. Car, à sa décharge, adapter le livre de Frank Herbert pour le cinéma est une gageure : il y a peu d'action, peu de descriptions, beaucoup d'introspections, de conversations et de réflexions... Lynch avait été beaucoup critiqué lorsqu'il s'y était attaqué il y a 40 ans (alors que Herbert vivait encore et avait salué le film), mais force est de constater que, nonobstant ses défauts (trahissant notamment un budget insuffisant), son film est infiniment supérieur à celui de Villeneuve.
J'ai trouvé que ce dernier était passé à côté de tout ce qui aurait pu faire la magnificence de ce second volet et que l'on trouve dans le livre : la mythologie de l'épice, la présence des vers de sable, la hiératique présence de l'empereur et de sa suite, l'étonnante figure d'Alia, la fin ouverte... Au lieu de cela, on a droit à un enchaînement épouvantablement répétitif de scènes similaires sans aucun liant entre elles (schéma standard : bruit assourdissant, plan aérien sur le désert, grosse machine, Fremen qui sortent des sables, explosion de la machine), d'exclamations reprises ad nauseam (on le saura, que Paul est le prophète !), d'une absence totale de récit et d'un traitement incroyablement bâclé et grotesque de la plupart des personnages. Chani devient une adolescente rebelle, les Harkonnen surjouent aux méchants très méchants sans jamais inspirer la moindre angoisse, puisqu'ils sont ridiculisés et vaincus du début à la fin, Margot Dame Fenring fait une apparition d'une totale inutilité,... jusqu'au personnage le plus consternant : l'empereur. Le grand acteur Christopher Walken est pathétique dans ce rôle : vouté et cacochyme, habillé comme un gourou fauché et new age, incapable d'enchaîner plus d'une phrase sans s'essouffler, ridiculisé et dépassé par les événements, n'inspirant que de la pitié alors qu'il est l'empereur de l'univers... à des années lumière du personnage altier, imposant et hiératique du livre !
La bataille finale est expédiée en quelques secondes, il n'y a ni enjeu, ni suspense, ni émotion... Les dernières scènes s'écartent d'ailleurs totalement du livre, sans la moindre cohérence avec le reste.
L'ensemble baigne dans une esthétique tristement minimaliste, grise, terne, sale. Les vers de sable ressemblent à des planches de surf, les vaisseaux ne sont pas mis en valeur, les décors sont étonnamment mal choisis (Kaitan, la planète flamboyante de l'empereur, aurait dû ressembler à Singapour, au lieu des quelques ruines mal entretenus et du sous-bois que l'on nous montre).
Cerise amer sur ce gâteau indigeste, Villeneuve ne prend même pas la peine de faire un peu de pédagogie pour ceux qui n'auraient pas vu le premier volet. Les néophytes et non lecteurs de Franck Herbert auront du mal à se repérer.
Rien à sauver, selon moi. Un onéreux fiasco !