Ainsi qu'on le redoutait après avoir visionné Dune : Première Partie, Dune : Deuxième Partie réitère les mêmes erreurs.
L'écriture lacunaire nous propose une vision on ne peut plus occidentale des us et coutumes orientaux. Les costumes mis de côté, rien ne nous laisse croire que des personnages comme Stilgar ou Chani sont imprégnés d'une culture propre. Ils se contentent, pour l'un, d'être en extase perpétuelle devant le Messie, allant jusqu'à embrasser la superstition fanatique ; pour l'autre, de témoigner une défiance bienveillante, faussement dissensuelle, dans le but d'instaurer des enjeux dramatiques.
Quant aux Harkonnen, ils continuent de cocher toutes les cases des "méchants sanguinaires". À croire qu'il est impossible de les voir à l'image sans avoir une discussion portée sur les alliances, l'épice, le pouvoir ou la trahison ; ou que la scène finisse en tuerie de masse. Ajoutez à cela des répliques-sentences à chaque prise de parole et vous obtiendrez le savant cocktail de l'antagoniste caricatural.
D'autres répliques sonnent faux, mais pas pour les mêmes raisons. On pensera à certains dialogues "FAQ", où les personnages posent des questions hors de propos dans le seul intérêt de parer une incompréhension ou incohérence scénaristique qui pourrait être soulevée par le spectateur. Une manière, pour un mauvais scénariste, de justifier ses raccourcis, voire de les excuser.
Quelques trouvailles visuelles sont intéressantes, comme les teintes rougeâtres de la scène d'ouverture, éclairée par une éclipse, ou le combat dans l'arène en noir et blanc. Mais le plus souvent, Denis Villeneuve peine à filmer avec brio la vastité du désert. Tant et si bien qu'il s'en remet, quand l'inspiration lui manque, à un cadrage en contre-jour des personnages, misant tout sur la cinégénie du soleil. Une réalisation qui confine à un esthétisme généralisé, sinon un délire photographique.
Quant au son, si l'idée d'alterner entre le silence pesant du désert et le vacarme des conflits n'est pas inintéressante, on finit par tomber dans une surenchère sonore : explosions, cris, tirs, lames qui s'entrechoquent, vers des sables. Un trop-plein qui n'est pas sans rappeler d'autres blockbusters hollywoodiens, comme les films Marvel…
En résumé, en allant voir Dune : Partie Deux, on va voir un film qui s'inscrit dans un héroïsme épique dépassé, au scénario prévisible, prophétique et convenu. De quoi voyager un peu, contempler rarement, mais soupirer souvent.