Première d’atelier au sein de la Maison Dior, Esther participe à sa dernière collection de Haute Couture avant de prendre sa retraite. Un jour, elle se fait voler son sac dans le métro par Jade, 20 ans. Mais celle-ci, prise de remords, décide de lui restituer son bien. Séduite malgré elle par l’audace de la jeune fille et convaincue qu’elle a un don, Esther lui offre la chance d’intégrer les ateliers de la Maison Dior comme apprentie
C’est la seconde réalisation de Sylvie Ohayon qui en a aussi écrit le scénario.
J’ai passé un très bon moment devant cette comédie dramatique.
Avec Haute Couture, on est dans le genre de film où une personne avec une condition financière supérieure à la moyenne, va “venir en aide” à un habitant de banlieue. Un schéma assez fréquent au cinéma. Comme les autres dans son genre, on va tomber facilement dans les clichés. On sent d’ailleurs que la construction scénaristique n’était pas la priorité. Il n’y a pas mal de faciliter notamment la façon dont se construit la relation entre Esther et Jade. J’avais même l’impression que certains passages étaient coupés car certains enchainements ne sont pas fluides et soulèvent des questions.
Cependant, même si ce défaut aurait pu être pénalisant, ce style est tellement efficace qu’on finit par lui pardonner. Le charme s’opère malgré tout et c’est un plaisir. Je dois dire que certaines scènes sont sublimes. Entre ce milieu délicat de la couture, et une bande originale bien adaptée, cela fait mouche. Alors oui, on sait ce qui va arriver, mais c’est quand même un plaisir. Après je tiens quand même à dire pour la défense de Sylvie Ohayon qu’elle a fait des tentatives de varier un peu. Finalement, ces touches réussissent plutôt bien et permettent de ne pas non plus tomber dans la monotonie. Cette comédie dramatique va se transformer en leçon de vie.
En dehors du scénario, ce qui l’empêche de franchir LE cap qui le sépare d’un moment très agréable, à une séance mémorable, est aussi le peu de travail sur le personnage d'Esther. Bien entendue, sur les actions présentes on ressent sa tendresse exprimée à sa manière envers Jade. On voit son humanité. Cependant, son passé à l’air riche mais trop peu exploité. L’axe avec sa fille aurait pu être prometteur mais il n’est pas assez appuyé. À trop vouloir jouer sur le sentimentalisme de l’instant, la prise de recul n’est pas suffisante. Jade quant à elle sera quand même plus exploré. On la suivra beaucoup plus dans son quotidien en dehors de Dior. Cela fait que l’attachement est plus rapide. Ses problématiques personnelles ressortent et on constate bien l’impact sur elle. Les choses sont claires et son écriture est satisfaisante.
Il faut dire que Lyna Khoudri brille dans cette interprétation. L’actrice, qui avait eu le César du Meilleur jeune espoir féminin pour Papicha, continue d’impressionner après s’être révélée au monde il y a peu dans The French Dispatch. À noter que 2021 est véritablement une belle année pour elle avec un des premiers rôles dans Gagarine. Son rapport avec Nathalie Baye est génial. On sent bien la différence générationnelle entre les deux mais cela devient un atout. Le talent n’a finalement pas d’âge. J’ai beaucoup apprécié le second rôle que joue parfaitement Pascale Arbillot. Par contre, l’apport du personnage de la mère joué par Clotilde Courau est zéro. Au contraire, elle va être tellement caricaturale que ses scènes sont un poids.