Au rendez-vous des clichés
D’emblée, on se dit « encore un film sur les beurettes de banlieue », encore une mal partie dans la vie et qui va s’en sortir grâce à sa rencontre avec le travail et l’excellence. Déjà vu tellement de fois, qu’on finit par se lasser. Mais, tout dernièrement, je vous parlais ici du formidable Compagnons de François Favrat – sortie prévue en mars 2022 -, qui constituait un modèle du genre. Hélas, pour son 2ème film, Sylvie Ohayon s’est noyée sous une avalanche de clichés. Et comme toujours, trop c’est trop. Première d’atelier au sein de la Maison Dior, Esther participe à sa dernière collection de Haute Couture avant de prendre sa retraite. Un jour, elle se fait voler son sac dans le métro par Jade, 20 ans. Mais celle-ci, prise de remords, décide de lui restituer son bien. Séduite malgré elle par l’audace de la jeune fille et convaincue qu’elle a un don, Esther lui offre la chance d’intégrer les ateliers de la Maison Dior comme apprentie. L’occasion de transmettre à Jade un métier exercé depuis toujours pour la beauté du geste... A la fin de ces 100 minutes de comédie dramatique, on se sent un peu perdu tant il y a d’intrigues et de sous-intrigues entremêlées jusqu’à plus soif. Heureusement, le casting…
C’est le geste qui compte reste sans doute la phrase clé de ce film. Le geste de la couturière mais aussi le geste humain. Les deux sont ici intimement mêlés et l’idée est très bonne. Elle hélas ensevelie sous un fatras de clichés sur les jeunes de banlieue, sur l’impitoyable univers des ateliers de haute couture, sur les univers qui s’entrechoquent à grand renfort d’étincelles, de bons sentiments dégoulinants, de quelques cas sociaux, une grosse déprime, et pour faire bonne mesure, un transsexuel – Romain Brau, toujours très juste -, qui parachève le défilé… Tout le monde est au rendez-vous. On saute poussivement d’une histoire à l’autre sans pour autant s’y retrouver. Dès qu’on se passionne pour une histoire, on passe à une autre. Usant ! On aurait aimé de focaliser totalement sur la thématique de la transmission d’un savoir-faire, même s’il était utile de donner de l’épaisseur au personnage de la jeune fille. Inculquer la passion, le goût du travail bien fait et l’assiduité était en soi, déjà un superbe sujet. En s’éparpillant, Sylvie Ohayon est passée à côté.
Ce film n’est sauvé que par son casting, et, heureusement, il est de grande qualité. Autour du duo Nathalie Baye / Lyna Khoudri, - impeccables toutes les deux -, les Clotilde Coureau, Pascale Arbillot, Claude Perron, Soumaye Bocoum, sont au diapason. Bref, un film patchwork qui manque un tantinet d’étoffe. Pour une histoire sur la haute couture un peu cousue de fil blanc, c’est ballot, non ?