Envie d'un bon gros nanar façon série diffusée l'après midi sur TF1, autour des turpitudes des nantis de ce monde? Courez-y! Par contre, admirateurs de Ridley Scott, vous risquez fort de vous boucher le nez.... Il est difficile d'imaginer que ce soit le même réalisateur qui se soit attelé à House of Gucci, et à ce magnifique Dernier Duel que nous avons vu très récemment. Un seul point commun: les acteurs sont parfaitement recrutés et incarnent leur rôle à la perfection. Bref, j'ai passe deux heures absolument délicieuses, et je me suis énormément amusée. Car à côté de la famille Gucci, Dallas, c'est de la gnognotte!!!
Ridley Scott a élagué la famille en supprimant un certain nombre de frères, soeurs, qui ne participaient pas directement à la firme. Il s'est concentré sur les quatre protagonistes principaux: les deux frères, Aldo et Rodolfo; et leurs deux héritiers. Le grand père est parti de rien; il a su détecter les goûts des riches et y répondre; puis utiliser des matériaux substitutifs au cuir; toutes les filles ont eu un jour envie de ces sacs à l'anse en bambou! Bref, Aldo et Rodolfo sont à la tête d'une success story familiale. Rodolfo (Jeremy Irons, plus squelettique que jamais!) est renfermé, ascétique; il ne s'est jamais remis de la mort prématurée de son épouse; Aldo (Al Pacino, qui déborde de partout) est fêtard, commerçant. Il voudrait étendre la marque partout dans le monde; au Japon par exemple. Rodolfo est contre.
Et puis, il y a la génération qui suit. Maurizio, le fils de Rodolfo (Adam Driver) est un étudiant en droit sérieux et studieux, qui ne s'intéresse pas du tout aux affaires familiales. Paolo, le fils d'Aldo (Jared Leto, qui fait encore un incroyable numéro d'acteur!) est un zozo complètement à l'ouest qui se prend pour le génie du stylisme. Rien que voir ces quatre là justifie votre entrée dans la salle obscure.
Quatre... enfin quatre plus une! Car Scott a fait de Patrizia, la "veuve noire", celle qui plus tard recrutera des bras cassés pour assassiner son mari avec un amateurisme confondant, le noeud de l'histoire ce qui lui donne évidement un côté plus palpitant! Mais, quand on lit la presse d'époque, il semble que les Gucci se haïssaient suffisamment en famille sans avoir besoin d'une tierce personne.... A t-elle pu être un catalyseur? En tous cas, Rodolfo refuse le mariage de son fils avec celle qu'il considère comme venant de rien (on imagine qu'une union avec une grande famille italienne aurait donné un peu de lustre au nom du petit tapissier), alors Patrizia cajole son nouveau tonton, le dresse contre son père, puis joue alliance contre alliance, on se dénonce pour fraude fiscale entre neveux et oncles, on se dépouille entre frères, bref, Dallas c'est une bluette!
Patrizia, c'est donc Lady Gaga. Je n'écoute pas ce genre de musique, donc je ne la connais pas du tout. J'avais juste remarqué que, pire que laide (car avec la laideur on peut faire quelque chose), elle était quelconque ce qui l'amenait, sans doute, à se cacher sous ses accoutrements délirants. Là, elle crève l'écran en cagole couverte de bijoux clinquants., pas intelligente, pas cultivée, mais dotée d'une sorte de sixième sens manipulatoire, cajoleuse, puis pleine de rage.... On passe un très bon moment en sa compagnie!
Notons aussi la présence de Salma Hayek dans le rôle de Pina, la "voyanye" qui manipule la manipulatrice, et Kack Huston dans celui de Domenico De Sole, le "fidèle bras droit" devenu PDG de Gucci après la ruine de la famille et avant le rachat par Kering, et celui de Reeve Carney dans le bref rôle de Tom Ford. Ils sont tous convaincants.