Il ne fallait pas moins qu'un casting somptueux (Adam Driver comme toujours au top, et Lady Gaga dans son meilleur rôle, régnante en maître sur ce House of Gucci pour de bon) et Ridley Scott en réalisateur, dont la notoriété n'est plus à faire, pour porter sur grand écran l'histoire de la déchéance de la marque Gucci. On regarde avidement la marque "vert et rouge" se faire manger de l'intérieur par un ver gourmand et incroyablement rusé, qui ne se sera juste pas méfié qu'à force de creuser la pomme, elle finisse par tomber au sol et ne plus rien valoir... On ne sait pas vraiment à quel point le film est romancé (tiré du livre de Sarah Gay Forden, évidemment condamné fermement par les héritiers Gucci), aussi on se gardera de tout jugement moral des personnes réelles, mais telle que dépeinte dans le film, Patrizia Reggiani est une femme fatale qui a bien compris comment utiliser son mari tranquille pour avoir tout le royaume, et les coups bas qu'elle fomente nous font rester bouche bée. On n'a pas vu les 2h30 passer, absorbé par l'interprétation très à l'aise, par les sacs à mains et tenues de luxe qui nous donnent l'impression de faire du lèche-vitrine, par une mise en scène soignée (on a apprécié la transition "cri" dont le son est celui de la scène suivante, un petit effet stylistique que l'on aime bien pour raccorder deux scènes), et un final que l'on n'attendait pas (on a évité de lire la presse pour avoir la surprise, ne connaissant pas du tout l'affaire). Cependant, on a regretté quelques ombres au tableau : on aurait trouvé intéressant de créditer Lady Gaga sous son nom d'origine italienne (pour ce film résolument italien dans l'âme, ne serait-ce qu'avec sa BO et ses décors de carte postale !), on a trouvé le personnage du cousin (Jared Leto) très caricatural (l'acteur en fait des caisses, se fait souvent traiter d'idiot fini - on comprend que la famille râle, pour le coup -, avec une perruque chauve mal mise dont on devine la jointure quasiment à chaque plan... Mais que faisaient les maquilleurs ?!) et on aurait aimé un peu plus de finesse dans la BO (oui, c'est rigolo de mettre "Faith" comme BO lors du mariage - dont on n'entend plus les dialogues, la musique étant poussée par-dessus -, mais ce n'est pas vraiment sophistiqué dans un film aussi somptueux...). Ridley Scott a parfois oublié d'être classe, malgré son casting cinq étoiles et son sujet de luxe. Il n'en reste pas moins que Stefani Germanotta est une vraie reine ici.