Slam est l’histoire d’un emballement médiatique qui bouleverse la vie paisible de Ricky, un jeune Australien d’origine palestinienne. Lorsque sa sœur Ameena disparaît, elle est très rapidement suspectée d’avoir rejoint l’État islamique en Syrie. Qui doit-il croire lorsque le doute et la suspicion s’immiscent ? Son intuition ou les médias ?
C’est une réalisation du Français d’origine Indienne Partho Sen-Gupta. Il en a aussi écrit le scénario.
Les productions Australiennes arrivant jusqu’en France sont généralement de qualité, et c’est le cas avec ce drame que j’ai trouvé très bon.
L’histoire que Slam nous propose est intense. Il n’y a qu’à voir l’introduction commençant par ce texte fort signé par la militante féministe Candy Royalle. Le film lui et d’ailleurs dédié car elle est décédée d'un cancer en 2018. Elle se déroule pour le dixième anniversaire des émeutes de Cronulla, qui furent une série d’affrontements raciaux dans une banlieue de Sydney en 2005. Ce n’est pas dit explicitement durant le film, mais c’est pour vous donner la température du pays. En effet, l’Australie est en proie à des mouvements nationalistes forts se radicalisant contre l’immigration. J’aime cette montée en puissance. Plus on avance, plus les opinions des uns et des autres vont se radicaliser, rendant les échanges plus tendus et les enjeux cruciaux.
Pour porter cela, il fallait des personnages forts, et c’est ce que Partho Sen-Gupta nous propose. Il y aura deux réellement mis en avant, Ricky, et sa sœur Ameena. Celui-ci va être l’image de l’homme arrivé très jeune de sa Palestine natale, et qui fait tout pour s’intégrer. Il ira jusqu’à se faire appeler Ricky, n’assumant pas son prénom de naissance “Tariq”. C’est symbole d’une telle volonté d’assimilation que les origines deviennent presque une honte. Cependant, il ne faut pas oublier que si on ne sait pas d’où l’on vient, on ne peut pas savoir où l’on va. L’acteur Palestinien Adam Bakri brille dans ce rôle. Sa sœur est le total opposé de cela en revendiquant ses racines et se positionnant dans un courant antisystème. À travers son slam, elle va assumer ses opinons haut et fort. J’aime cette polarisation dans le même cercle familial. Pour l’interpréter, Danielle Horvat met son cœur sur la table. Elle apparaît à travers des flashbacks et ses passages scène scènes. Ils permettent de mieux la cerner et donnent des frissons. J’étais étonné de la voir à ce niveau près l’avoir découvert dans le film horrifique Australien The Furies.
Par contre, j’ai beaucoup moins été fan de la partie consacrée à la policière. Ça vient vraiment en trop par rapport au reste du récit. Rachael Blake est loin d’être mauvaise dans sa performance. Le problème c’est dans le dosage de ces passages. En petite quantité ils auraient été intéressants car c’est une vision existante venant un peu compléter celui des Nasser. Cependant, la récurrence de ses apparitions provoque une dispersion inutile.
Le plus passionnant dans Slam est sa portée politique. On n’est pas devant un simple film mais devant une œuvre portant un message. Déjà car on va faire la part des choses sur les clichés existants. L’islamophobie montante va être pointée du doigt. La population immigrée sert de fusible à une société en mal être. Un système broie les gens et leur montre les coupables idéals pour détourner l’attention. La cassure sociale se fait sans arrêt ressentir. Le final sera l’apothéose de cela. Cela m’a glacé le sang de voir comment les préjugés ont biaisé l’enquête et les opinions. La famille Nasser, victime de la disparition de Ameena, va être jetée sur la place publique et transformée en coupable pour une simple raison, sa croyance. Une telle injustice ne peut que faire réfléchir. Dommage pour l’ultime scènes un peu trop “évidente”. Tout avait été dit et je pense le spectateur avait suffisamment compris le message sans devoir en faire trop.