« The Northman » est le nouveau film de Robert Eggers, après avoir réalisé l’excellent « The Lighthouse » en 2019 porté par le duo remarquable Willem Defoe – Robert Pattinson, et où le format en 4:3, la photographie, la musique, l’interprétation des deux acteurs, l’ambiance ainsi que l’histoire où deux gardiens de phare se retrouve dans ce huis clos m’avait particulièrement plu. Pour son nouveau long-métrage, le réalisateur s’entoure d’un casting 5 étoiles – Alexander Skarsgard, Anya Taylor-Joy, Nicole Kidman, Willem Dafoe ou encore Ethan Hawke – et reprend l’histoire d’Hamlet de Shakespeare dans une version revisitée à l’ère des vikings, soit les mêmes thèmes et caractéristiques, ou encore les mêmes ingrédients du Roi Lion, qui était lui-même une version revisitée sous Disney.
Au Xème siècle, Amlet (Alexander Skarsgard) vit aux côtés de ses deux parents, la reine Guldrun (Nicole Kidman) et le roi Horwendil (Ethan Hawke) dans les terres nordiques, mais le frère de ce dernier, en quête de pouvoir, tue son frère et épouse la femme de celui-ci en pensant qu’après avoir tué son frère, ses sbires ont tué le fils Amlet. Cependant, Amlet réussit par un coup de grâce à s’échapper des terres nordiques, puis de devenir un véritable viking, en quête de sang et de vengeance, et se promet de revenir dans son pays pour tuer son oncle et sauver sa mère. Lors de son périple, il rencontrera Olga (Anya Taylor-Joy) qui l’aidera à accomplir son but, en devenant des esclaves des nouveaux rois et en se rapprochant au plus près d’eux pour exécuter leur mission. Mais la vengeance a généralement un prix à payer…
Le cinéaste a ainsi réalisé un blockbuster à gros budget, 90M, et de nombreux aspects positifs sont à noter : la photographie, l’ambiance de vengeance qui anime Amlet, l’interprétation des acteurs principaux surtout celles d’Alexander Skarsgard et d’Anya Taylor-Joy ou encore la direction artistique. Néanmoins, de multiples défauts viennent tâcher ce tableau. L’introduction du film est très bien réalisé, on est tout de suite plongé dans l’ambiance historique, où Amlet enfant est aux côtés de son père qui lui apprend les règles du royaume et son futur rôle en tant que prince. Après la mort de celui-ci et l’échappée d’Amlet, celui-ci devient un viking aux côtés d’un groupe de vikings, et en effet, et à partir de ce moment, une réalisation impressionnante s’observe entre le jeu de caméra et l’interprétation de Skarsgard. Cependant, une troisième et plus grosse partie vient entraver tout ce début de film. Le protagoniste arrive aux côtés d’esclaves au royaume qui se situe désormais dans un champ « ridicule » et va réussir les étapes en devenant le « meilleur » esclave ou le « chef » des esclaves, soit un esclave qui donne des ordres à d’autres esclaves, et dans toute cette partie, environ 1h20 de film, une redondance et une lenteur s’observent dès le début, et le réalisateur ne sait pas réellement où il veut aller avant le combat et dénouement final entre l’oncle et le neveu. De plus, en dehors de l’interprétation catastrophique de Nicole Kidman et de Claes Bang (Fjolnir, l’oncle de Amlet), le réalisateur place de nombreux moments de pure fiction dans cette fresque réaliste, soit la fantaisie, la folie, le mysticisme qui s’intègrent dans le récit, notamment à travers le personnage de Willem Defoe dans l’introduction, et tout durant le film par le biais du personnage de Seerees, et qui me laissent particulièrement perplexe.
Par ailleurs, l’un des points noirs du film est la rapidité du moment où Amlet est un véritable viking, très clairement les meilleurs scènes et séquences du long-métrage, soit quand Amlet devient ce véritable guerrier viking aux côtés de ses frères vikings, capable d’entrer dans une fureur bestiale, en tuant de nombreux hommes, en saccageant et en pillant des villages slaves, en exposant toute cette violence extrême, et ici, la réalisation et le jeu d’acteur sont parfaitement maîtrisés et la devineresse arrive beaucoup trop tôt pour lui rappeler son vœu de vengeance, et s’ensuit alors sa capture… De plus, l’histoire est finalement assez cousue de fil blanc pour chaque spectateur. Et ce qui ne fonctionne pas est le reste du film, soit les 1h20 restantes, comme évoqué précédemment, où seul Alexander Skarsgard est convaincant mais le roi et le reine sont inexistants, on ne ressent ni peur ni émotion de ces personnages, et le dénouement met du temps à arriver.
À voir ce que Robbert Eggers prépare pour la suite, soit une nouveau film poétique et minimaliste à l’instar d’un The Lightouse ou soit une nouvelle incursion hollywoodienne… à suivre, même s’il devrait adapter une nouvelle version de « Nosferatu » en compagnie d’Anya Taylor-Joy si tout se passe bien.